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Liban : des manifestants anti-gouvernement paralysent des axes routiers

Après des semaines d'essouflement du mouvement lié à la pandémie, des manifestants ont bloqué mardi des routes au Liban pour contester contre le gouvernement. 

La mobilisation contre le pouvoir repart au Liban. Une poignée de manifestants ont bloqué mardi 9 mars des routes au Liban avec des pneus et des bennes à ordure en feu, une mobilisation inférieure à celle de la veille dans un pays plongé dans une crise socio-économique sans précédent. 

Après un soulèvement populaire inédit contre la classe dirigeante accusée de tous les maux fin 2019, la mobilisation s'est essoufflée sous les coups de la pandémie et surtout des préoccupations du quotidien, avec le chômage et l'inflation qui ont explosé et la dégringolade historique de la livre libanaise. 

Mardi matin, après une brève fermeture, l'armée a rouvert l'autoroute de Jal el-Dib et un autre axe vital au nord de Beyrouth, selon l'agence nationale d'information ANI. Ailleurs dans le pays, certains axes ont été fermés notamment à Tripoli (nord) ou dans la région de la Bekaa (est). 

Au #Liban, la descente aux enfers se poursuit sans qu'aucune lueur d'espoir ne profile à l'horizon. Le peuple crie famine pendant que la classe politique, toute tendance confondue, perpétue ses méthodes de clientélisme et du m'en foutisme. À commencer par la tête de l’État. pic.twitter.com/RkH0qPVLsL

— Ghassan Basile (@gnbasile) March 8, 2021

Blocages et embouteillages

Des blocages sur des routes au nord de Beyrouth, notamment à Jbeil, ont provoqué des embouteillages, a constaté un photographe de l'AFP. 

Depuis une semaine, le pays connaît des blocages quasi-quotidiens, qui ont culminé lundi avec une forte mobilisation et la fermeture des principales entrées de Beyrouth durant toute la journée, avec des pneus et des bennes à ordures incendiés. Il n'y a pas eu de confrontation majeure entre les forces de l'ordre et les poignées de protestataires. 

Mais cela reste loin du mouvement de contestation en 2019 durant lequel des dizaines de milliers de Libanais, et parfois des centaines de milliers, ont investi les rues pendant plusieurs semaines. 

Interrogé sur la faible mobilisation et en dents de scie, le politologue Karim Bitar cite, entres autres facteurs, une certaine "lassitude révolutionnaire", "l'absence de vision claire et de leadership", mais aussi l'angoisse du coronavirus. 

"Les gens sont pris à la gorge par leurs problèmes de survie quotidiens. Les problèmes de changements politiques sont devenus secondaires par rapport à la survie socio-économique", dit-il. 

Inflation

La nouvelle poussée de fièvre intervient au moment où la livre libanaise connaît une nouvelle dégringolade, le billet vert frôlant les 11 000 livres – contre un taux officiel maintenu à 1 507livres pour un dollar. 

Malgré l'urgence de la situation, les dirigeants politiques, accusés d'incompétence et de corruption, semblent imperturbables après avoir survécu à la contestation fin 2019. 

Depuis sept mois le pays attend toujours la formation d'un nouveau gouvernement, les partis restant absorbés par des marchandages interminables sur la répartition des portefeuilles. 

Son rôle sera pourtant crucial pour le pays en faillite, car il devra enclencher des réformes réclamées par la communauté internationale pour débloquer toute aide financière. 

Avec AFP