En France, l'univers des "sixties" revient sur le devant de la scène. Après Woodstock, qui a fêté son quarantième anniversaire en août, c’est au tour de la cultissime émission radiophonique "Salut les copains" de célébrer ses 50 ans.
Depuis quelques mois, les anniversaires se répètent et les "sixties", jamais vraiment démodées, reviennent sur le devant de la scène. Après le festival de Woodstock, qui a célébré son quarantième anniversaire au mois d'août, c’est au tour de "Salut les copains", émission de radio culte des années 1960, de fêter ses 50 ans cette semaine.
Premier programme destiné aux jeunes en France devenu par la suite un mythique succès de presse - le magazine éponyme, lancé en 1962, s'est vendu jusqu'en 2006 -, "Salut les copains" est arrivé sur les ondes d’Europe 1 six mois après l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, en 1958, bouleversant le paysage radiophonique de l'époque.
Son succès est immédiat : le ton révolutionnaire de l'émission ravit la jeune génération, en quête d'idoles et de liberté. Tour à tour, Richard Anthony, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Jacques Dutronc, Sheila, les Rolling Stones, Françoise Hardy, Michel Polnareff, les Beatles ou Claude François deviennent le "chouchou de la semaine", une décoration enviée qui garantit la vente d'un million de disques. Cinquante ans plus tard, personne n’a oublié ce phénomène social auquel émissions spéciales, livres, compilations et coffrets DVD sont consacrés.
En 2009, les industries musicale et du spectacle font effectivement leur beurre du retour aux sixties. Dans les bacs depuis le 9 septembre, la collection Beatles remasterisée s’est vendue comme des petits pains en Angleterre, au Japon et aux États-Unis, où un million d'exemplaires du coffret se sont écoulés en cinq jours. Cette réédition a par ailleurs coïncidé avec le lancement de "The Beatles : Rock Band", première incursion du groupe dans l'univers du jeu vidéo.
"Dim Dam Dom", l'émission de mode culte des sixties diffusée sur la deuxième chaîne de l’ORTF entre 1965 et 1970, est par ailleurs sortie en DVD au printemps dernier. Côté spectacle encore, la comédie musicale "Grease", à l’affiche à New York et à Londres depuis des décennies, est arrivée en France à la rentrée, tandis que Sylvie Vartan est remontée sur les planches de l'Olympia en septembre, la salle où elle avait permis aux Beatles d'assurer sa première partie en 1964.
Le monde du spectacle n’est pas le seul à vivre cette déferlante. Côté mode, plusieurs maisons de couture qui, comme Cacharel ou Courrège, ont connu leurs heures de gloire durant les années 1960 retrouvent un second souffle. Côté industrie automobile, la Fiat 500, fabriquée à partir de 1957, fait aujourd’hui un carton en Europe dans sa version revisitée.
Selon plusieurs sociologues, ce succès s’explique par le besoin d’un retour à une période refuge durant laquelle tous les rêves étaient autorisés.
"Mise en plis parfaite et ballerines cirées"
Nostalgique de cette période du "tout est possible" qu’ils n’ont pourtant jamais connue, les jeunes de 2009 reprennent à leur compte les tubes, le look et les rêves de leurs aînés.
Porté par Pete Doherty, Hedi Slimane et The Strokes, l'univers des "sixties" inspirent désormais les musiciens pop. Dans ses clips, la chanteuse canadienne Cœur de pirate, nouvelle coqueluche de la jeunesse française, danse le twist et habille ses figurants de pantalons à pinces et de lunettes papillon. La trendy Zooey Deschanel, inconditionnelle des Beach Boys et des Kinks, répète, quant à elle, avoir "toujours été naturellement attirée par cette décennie, non seulement en musique, mais aussi en mode".
Le syndrome atteint également la nuit parisienne. "Il y a un vrai 'milieu sixties' à Paris, même si on est encore loin de ce qu'on peut trouver en Angleterre, en Espagne ou en Scandinavie", raconte Étienne 'Hybu' Gimenez, un DJ de 24 ans qui écume les salles parisiennes branchées - le Planète Mars, la Féline, le Baron, l'Orange mécanique, l'Ufo, la Mécanique ondulatoire, le B!zz'art - où des airs yéyé sont régulièrement diffusés.
Enfin, à la mi-octobre, les KGB, un groupe de quatre jeunes Parisiens, ont lancé avec succès leur "Surpat’", une soirée déguisée intergénérationnelle organisée tous les deux mois, qui reprend le thème des années 1960. "Mise en plis parfaite, les ballerines cirées s’accordent bien avec ta jupe Courrèges. Ce soir, c’est Surpat’", annonce leur site web. "Les années 1980 sont arrivées à épuisement. Voilà 15 ans qu'on ne fait la fête que sur la musique de ces années-là. Il fallait changer”, explique Adrien Leroy, l’un des membres des KGB.
Jane Birkin est, peut-être, une "ex-fan des sixties", mais les contemporains de sa fille Lou Doillon dansent encore le rock, le twist, le jerk ou le slow.
À VOIR
Expositions
"Brigitte Bardot, les années 'insouciances'"
Du 29 septembre 2009 au 31 janvier 2010, à l'Espace Landowski de Boulogne-Billancourt.
"Sexties"
Du 25 septembre au 3 janvier 2010, le palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Belgique) accueille cette exposition qui montre quelle part la bande dessinée a pris dans la révolution culturelle des années 1960.
"The Sixties Now !"
Du 5 octobre 2009 au 7 février 2010, le musée d'Histoire d'Amsterdam (Pays-Bas) propose un cycle d'expositions offrant une rétrospective culturelle des années 1960.
Cinéma
Le Petit Nicolas , en salle depuis le 30 septembre 2009.
Les Tontons flingueurs, en salle depuis le 10 septembre 2009.
OSS 117 : Rio ne répond plus, sorti le 15 avril 2009.
Good Morning England, sorti le 6 mai 2009.
L'Enfer, documentaire d'Henri-Georges Clouzot qui sortira le 11 novembre 2009.
Spectacles
Sylvie Vartan à l'Olympia (Paris), du 4 au 6 mars 2010.
Grease (comédie musicale), au Palais des Congrès de Paris du 4 décembre 2009 au 3 janvier 2010.
"Age tendre et tête de bois", la tournée des idoles, en tournée dans toute la France Jusqu’en 2010