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En Tunisie, "je suis un mort-vivant donc je n'ai pas peur de la mort"

Depuis 2017, le nombre de Tunisiens rejoignant clandestinement l'Italie a fortement augmenté. Las d'attendre les retombées bénéfiques de la révolution qui tardent à venir, certains n'hésitent pas à tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée – plusieurs fois s'il le faut – pour rejoindre l'Europe. Reportage.

Le regard tourné vers le large, Knifess, ou "petit poux" comme on l'appelle dans son quartier, rêve d'autres horizons. Il est ce qu'on appelle un harraga, littéralement un brûleur de frontière, prêt à tout pour rejoindre l'Europe. "Ici, c'est El Bounta. Généralement, on embarque d'ici. Moi, j'ai fait sept tentatives dont quatre depuis ici. C'est un point stratégique. De chez nous, c'est l'endroit le plus proche pour rejoindre l'île de Lampedusa."

Son unique but est de partir rejoindre l’Europe. "Moi, dans mon pays, je suis un mort-vivant. Je ne vis pas, donc je n'ai pas peur de la mort. Laissez-moi silencieux et vivant plutôt que d'avoir la liberté d’expression et n'avoir rien."

Les jeunes de Sfax se cotisent régulièrement pour acheter une embarcation, qu'ils confient ensuite à un passeur capable de les faire traverser. L'un d'entre eux a accepté de nous parler. "Ce sont eux qui me contactent. Ils me demandent de les emmener. Moi, je leur dis 'pas de problème'. La dernière fois, j'ai touché 15 000 dinars. Quand tu trouves une occasion pareille, un voyage comme ça... ça ne se refuse pas. Tu es obligé d'y aller. Qu'est-ce que tu veux faire ici ? Il me faut 20 ans ici pour gagner 5 000 dinars."

La Révolution tunisienne en dates

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