Cinq ans après l'Accord de Paris des dizaines de chefs d'État et de gouvernements affichent, samedi, leurs ambitions lors d'un sommet virtuel destiné à relancer les efforts en matière de climat. "Nous ne sommes toujours pas sur la bonne voie", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Cinq ans après la COP21 qui a débouché sur un pacte climatique historique, un sommet virtuel sur le climat se tient, samedi 12 décembre. Il est co-organisé par l'ONU, le Royaume-Uni et la France, en partenariat avec le Chili et l'Italie.
Ouvrant le sommet, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé le monde à "déclarer l'état d'urgence climatique". "Nous ne sommes toujours pas sur la bonne voie" pour limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, voire à 1,5°C, comme la communauté internationale s'y est engagée en 2015", a insisté Antonio Guterres.
"Les engagements qui avaient été alors pris pour y parvenir n'étaient pas suffisants. Et même ces engagements n'ont pas été respectés", a-t-il lancé, lors de ce sommet, auquel doivent participer des dizaines de chefs d'État dont le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel ou le président chinois Xi Jinping. Des représentants d'entreprises, de la société civile et de peuples indigènes participent également à cet événement.
"Un état d'urgence climatique"
"J'appelle aujourd'hui les responsables du monde à déclarer l'état d'urgence climatique dans leur pays jusqu'à ce que la neutralité carbone soit atteinte", a déclaré Antonio Guterres.
"C'est ce qu'ont déjà fait 38 pays, conscients de l'urgence de la situation et de ce qui se joue. J'appelle les autres pays à suivre leur exemple", a-t-il poursuivi, ajoutant que "les promesses ne suffisent pas". "Pour les tenir, des efforts importants s'imposent dès à présent pour réduire les émissions mondiales de 45 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010", a-t-il rappelé.
Le sommet, qui se veut aussi une étape en vue de la COP26, organisée en novembre 2021 à Glasgow, en Écosse, s'est également ouvert après le discours du Premier ministre britannique Boris Johnson à 14 h (heure locale et GMT). "Nos actions en tant que dirigeants ne doivent pas être motivées par la timidité ou la prudence, mais par une ambition à vraiment grande échelle", a-il affirmé en amont du sommet.
"Les politiques climatiques ne sont toujours pas à la hauteur"
Il a annoncé dans un communiqué que le Royaume-Uni allait arrêter "dès que possible" de soutenir financièrement des projets d'énergies fossiles à l'étranger. Le gouvernement britannique s'est en outre engagé à réduire les émissions de CO2 d'au moins 68 % d'ici 2030.
Le 12 décembre 2015, sous les vivats des délégations de 195 pays, un coup de maillet avait clôturé 13 jours acharnés de négociations à la réunion de l'ONU sur le climat COP21 : la quasi-totalité de la planète s'était engagée à contenir le réchauffement "nettement" au-dessous de +2°C, et si possible +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle.
Mais après le souffle historique, l'enthousiasme était retombé, douché un an plus tard par l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump qui avait annoncé le retrait de la deuxième économie mondiale de l'Accord de Paris.
En dépit de la pression de l'opinion publique, aujourd'hui "les politiques climatiques ne sont toujours pas à la hauteur de l'enjeu", avait dénoncé récemment le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. "Nous en sommes à 1,2°C de réchauffement et nous observons déjà des extrêmes climatiques et une volatilité sans précédents", a-t-il insisté.
La décennie la plus chaude jamais observée
Canicules, ouragans en série, méga-feux de forêts, inondations... La multiplication des événements dévastateurs est un signe sans équivoque du réchauffement de la planète, qui vient de vivre la décennie la plus chaude jamais observée.
Les signataires de l'accord de Paris doivent soumettre d'ici fin 2020 une révision de leurs engagements. Mais seulement une vingtaine de pays, représentant moins de 5 % des émissions mondiales, l'ont déjà fait.
Avant le sommet, plusieurs États ont annoncé des plans ambitieux pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Vendredi, les 27 pays de l'UE se sont entendus pour réduire leurs émissions d'"au moins 55 %" d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre -40 % précédemment, afin d'atteindre en 2050 la neutralité carbone.
La Chine, plus grand pollueur au monde, a récemment annoncé son intention d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, tandis que le président élu Joe Biden s'est engagé à ce que les États-Unis atteignent cet objectif d'ici 2050.
Pour le directeur exécutif de Greenpeace, John Sauven, avec ce sommet, "il y a des raisons d'espérer". "Avec Donald Trump hors de la Maison Blanche et une action en faveur du climat plus forte de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon, nous avons maintenant une chance de rassembler le monde dans un énorme effort pour réduire les émissions de gaz à effet de serre", a-t-il souligné dans un communiqué.
Avec AFP