Pour la troisième semaine consécutive, des milliers de manifestants ont défilé samedi à Paris et dans plusieurs grandes villes de France pour dénoncer la proposition de loi "sécurité globale" et le projet de loi sur les "séparatismes".
La pression de la rue se maintient. Des milliers de personnes ont défilé, samedi 12 décembre, pour la troisième semaine consécutive dans les rues de Paris et de plusieurs autres villes pour dénoncer la très controversée proposition de loi "sécurité globale", à leurs yeux "liberticide", et le projet de loi sur les séparatismes.
Pour éviter la répétition des violents incidents des précédentes manifestations, le collectif de syndicats et d'associations à l'initiative de la protestation s'est cette semaine contenté d'appeler à la mobilisation dans les régions mais a renoncé à faire de même dans la capitale.
Une partie de ce collectif a toutefois décidé d'organiser un défilé parisien de la place du Châtelet à celle de la République, dûment enregistré auprès de la préfecture de police qui ne l'a pas interdit. Plusieurs milliers de manifestants ont commencé à défiler vers 15 h, sous la pluie.
De nombreuses unités de CRS et de gendarmes mobiles ont encadré au plus près les milliers de manifestants - 10 000 selon les organisateurs - et procédé à 142 interpellations, selon le ministère de l'Intérieur. Cette vague importante d'arrestations a suscité des tensions dans le défilé mais aucun incident majeur n'y avait été signalé en fin d'après-midi.
"Atteinte aux libertés de la presse, d'expression et de manifester"
Adoptée par les députés, la proposition de loi "sécurité globale" suscite depuis des semaines de vives critiques de la part de la gauche, des journalistes et des ONG de défense des libertés, notamment son article 24 qui pénalise la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre.
Le texte est accusé par ses détracteurs de "porter atteinte aux libertés de la presse, d'expression et de manifester" et d'instaurer "des outils de surveillance de masse". Ces critiques ont été renforcées par le passage à tabac filmé du producteur de musique Michel Zecler par des policiers, le 21 novembre. Ces deux derniers samedi, des dizaines de milliers de personnes ont défilé à Paris et en régions pour en exiger le retrait.
Ces rassemblements ont été le théâtre, essentiellement dans la capitale, d'affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants qualifiés "d'ultras" ou de "casseurs" par les autorités. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait fait état de 95 interpellations et de 67 blessés parmi les policiers et les gendarmes samedi dernier.
Plus tôt dans la journée, environ 1 800 personnes, selon la préfecture, ont défilé dans le calme dans le centre-ville de Montpellier. De 200 à 300 personnes se sont également rassemblées à Lille. À Lyon, où la préfecture a recensé quelque 2. 000 manifestants, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour riposter à des projectiles.
Un "Beauvau de la sécurité" en janvier
Face au tollé provoqué par l'article 24, le gouvernement a finalement laissé au parlement le soin de trouver une nouvelle formulation alors que le texte doit passer devant le Sénat en janvier.
Présenté mercredi en conseil des ministres, le projet de loi contre les séparatismes vise à renforcer la lutte contre l'islamisme radical, dans la foulée de l'attentat jihadiste qui a coûté la vie à Samuel Paty. Il est dénoncé par certains à gauche comme une loi de "stigmatisation des musulmans".
Pour déminer cette fronde et la polémique sur les violences policières, Emmanuel Macron a décidé de réunir en janvier un "Beauvau de la sécurité" pour remettre à plat les conditions d'exercice des missions des forces de l'ordre et "consolider" leurs liens avec la population.
Avec AFP