logo

Procès des "écoutes" : Nicolas Sarkozy fixé sur son sort le 1er mars 2021

C'est la fin du procès dit des "écoutes" qui aura vu pour la première fois sous la Ve République un ancien chef de l'État comparaître pour corruption. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 1er mars 2021. Le parquet national a requis quatre ans de prison dont deux ferme à l'encontre de Nicolas Sarkozy, soupçonné d'avoir obtenu des informations confidentielles de la part d'un magistrat contre un poste prestigieux à Monaco.

Le procès dit des "écoutes" s'est achevé jeudi soir, à l'issue des plaidoiries de la défense des coprévenus de Nicolas Sarkozy, son avocat et ami Thierry Herzog et l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert, et le tribunal a mis sa décision en délibéré au 1er mars 2021.

"Cette affaire a été pour moi un chemin de croix, mais si c'était le prix à payer pour que la vérité chemine, je suis prêt à l'accepter", a déclaré l'ancien président de la République avant la levée de l'audience.

"Je vous ai dit la vérité pendant ces trois semaines, comme je l'ai dite en garde à vue et tout au long de l'instruction", a-t-il poursuivi. "J'ai encore confiance en la justice de notre pays."

Quatre ans de prison requis

Le parquet national financier a requis quatre ans de prison dont deux avec sursis à l'encontre de l'ancien président de la République, poursuivi pour corruption et trafic d'influence. La même peine a été demandée pour Gilbert Azibert et Thierry Herzog, avec cinq ans d'interdiction professionnelle pour ce dernier.

Après un faux départ le 23 novembre, ce procès inédit s'est réellement ouvert le 30 novembre, sous haute tension, à la 32e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Jamais un ex-chef de l'État n'avait comparu pour corruption sous la Ve République.

Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir obtenu, en 2014, par l'intermédiaire de son avocat, des informations couvertes par le secret auprès de Gilbert Azibert au sujet d'un pourvoi alors en cours d'examen à la Cour de cassation dans l'affaire Bettencourt.

La défense plaide la relaxe

À l'époque, Nicolas Sarkozy avait bénéficié d'un non-lieu dans ce dossier, mais il cherchait à faire annuler par la haute juridiction la saisie de ses agendas présidentiels, qui auraient pu être utilisés dans d'autres procédures judiciaires.

En contrepartie de ces informations et d'une tentative d'influence sur les magistrats qui examinaient sa demande, l'ancien chef de l'État est soupçonné d'avoir promis d'apporter un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour un poste de prestige à Monaco, où ce dernier n'a finalement jamais été nommé.

Au dernier jour du procès jeudi, les avocats de Thierry Herzog et de Gilbert Azibert ont pilonné pendant sept heures le "vide sidéral" du dossier, demandant la relaxe. "Où sont les preuves ? Il n'y a pas de preuves", s'est exclamé Hervé Témime, l'un des avocats de Me Herzog.

La veille, l'avocate de Nicolas Sarkozy, Jacqueline Laffont, avait elle aussi plaidé la relaxe, appelant à "accepter de dire que la justice est faillible, qu'elle a pu se tromper, se fourvoyer" en accusant son client à tort. 

Avec AFP