
Les manifestations contre la loi "sécurité globale" et contre la précarité ont été émaillées de violences, samedi, partout en France. Un total de 95 personnes ont été arrêtées et 67 agents des forces de l'ordre ont été blessés.
À travers tout le pays, la mobilisation en cours contre la loi "sécurité globale" a convergé, samedi 5 décembre, avec celle prévue contre la précarité, maintenant la pression sur l'exécutif.
Ils étaient 52 350 manifestants à avoir participé aux quelque 90 rassemblements organisés en France, dont 5 000 à Paris, selon un décompte du ministère de l'Intérieur. Selon ces chiffres, la mobilisation est en recul par rapport à celle de la semaine dernière, qui avait vu 133 000 personnes défiler en France, dont 46 000 à Paris.
À Paris, la manifestation est partie à 14 h de la Porte des Lilas en direction de la place de la République. La progression du cortège a été ralentie par une série d'incidents, actes de vandalisme et autres feux sporadiques. Des chantiers ont servi d'approvisionnement en projectiles divers et des incendies ont été allumés par des groupes vêtus de noir et très mobiles.
Un total de 95 personnes ont été arrêtées en France et 67 agents des forces de l'ordre ont été blessés, selon un "bilan définitif" donné dimanche par Gérald Darmanin.
Les "casseurs cassent la République", a estimé le ministre de l'Intérieur à l'issue de la manifestation parisienne. "Soutien à nos policiers et nos gendarmes, une nouvelle fois très violemment pris à partie", a-t-il écrit sur son compte Twitter au moment où la manifestation était sur le point d'être dispersée place de la République
Les casseurs cassent la République. Soutien à nos policiers et nos gendarmes, une nouvelle fois très violemment pris à partie. 64 interpellations.
Parmi les blessés, 8 forces de l’ordre.
Leur courage et leur honneur forcent le respect de tous.
"On se battra toutes les semaines pour que cette loi soit retirée"
Plus tôt dans la journée, une cinquantaine de personnes, pour l'essentiel des "gilets jaunes", ont demandé, vers 10 h 30, une hausse du pouvoir d'achat et la destitution d'Emmanuel Macron.
Jean Christian Valentin, membre des GJ Paris et co-organisateur du rassemblement, a qualifié de "scélérate" la loi sécurité globale. "On se battra toutes les semaines pour que cette loi soit retirée", a-t-il lancé.
Samedi 28 novembre, les "marches" organisées par la "coordination #StopLoiSécuritéGlobale", un collectif de multiples syndicats et associations, dont plusieurs organisations de journalistes, avaient fortement mobilisé dans le pays.
Face à cette colère, le gouvernement n'a à ce jour annoncé qu'une concession : la réécriture de l'article 24, le plus polémique, encadrant l'image des policiers. La coordination réclame son retrait pur et simple (avec les articles 21 et 22 du texte), et conteste le "nouveau schéma national du maintien de l'ordre (SNMO)" qui limite la couverture médiatique des manifestations.
Accusé de multiplier les mesures "liberticides", Emmanuel Macron a tenu à s'adresser directement aux jeunes, très présents lors des dernières manifestations, dans un entretien accordé au média en ligne Brut.
"Je ne peux pas laisser dire qu'on réduit les libertés en France", a affirmé le président de la République. "C'est un grand mensonge. On n'est pas la Hongrie ou la Turquie."
La crainte de nouveaux débordements violents
Emmanuel Macron a également expliqué vouloir regarder en face la question des contrôles au faciès. Il a promis le lancement en janvier d'une plate-forme nationale de signalement des discriminations, gérée par l'État, le Défenseur des droits et des associations. Les caméras-piétons pour les policiers seront parallèlement généralisées.
Des propos qui ont fait bondir les principaux syndicats de gardiens de la paix (Alliance, Unité SGP et Unsa-Police) qui ont appelé, samedi, à cesser les contrôles d'identité.
Des incidents s'étaient notamment produits le 28 novembre lors d'importants rassemblements contre la loi "sécurité globale". Certaines villes craignent par conséquent de nouveaux débordements violents. À Bordeaux et Montpellier, les préfets ont ainsi interdit tout cortège dans l'hypercentre. À Lyon, la manifestation n'est autorisée que sur la rive gauche du Rhône.
Les "marches des libertés" de ce samedi ont été rebaptisées "des libertés et des justices", car elles vont souvent se tenir "en convergence avec les actions menées dans le cadre de la journée nationale contre le chômage et la précarité".
Avec AFP