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Les États-Unis sont sortis formellement mercredi de l'accord de Paris sur le climat, concrétisant une promesse de longue date du président Donald Trump. Un éventuel retour de Washington au sein de ce traité international est suspendu au résultat encore inconnu de l'élection présidentielle américaine.
Alors que les électeurs américains se prononçaient mardi sur l'identité du locataire de la Maison Blanche à partir de janvier prochain, les États-Unis sont sortis officiellement de l'accord de Paris sur le climat mercredi 4 novembre. En cas de victoire démocrate, Washington devrait revenir sur la décision, une promesse de longue date du président Donald Trump.
L'issue du scrutin pourrait déterminer si cette sortie est définitive. Joe Biden, le rival démocrate de Donald Trump, a promis que les États-Unis adhéreraient de nouveau à l'accord s'il accèdait à la Maison Blanche. La première économie mondiale rejoindrait ainsi les efforts internationaux contre le réchauffement climatique.
Une réélection de Donald Trump, et le pays ferait en revanche cavalier seul pour au moins quatre années supplémentaires : les États-Unis sont le seul des 197 pays signataires à s'être retiré de l'accord signé en 2015.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les deux candidats étaient tous les deux en position de l'emporter, alors que les résultats définitifs n'étaient pas encore connus.
Donald Trump avait pour la première fois annoncé en juin 2017 son intention de sortir de l'accord, dénonçant un impact selon lui néfaste sur l'économie américaine. Le président républicain n'avait cependant pas pu concrétiser sa volonté jusqu'à présent, les termes de l'accord l'en ayant empêché.
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le président républicain a défendu l'industrie des énergies fossiles, mis en doute les scientifiques sur le changement climatique et détricoté plusieurs garde-fous environnementaux.
De son côté, Joe Biden a présenté un plan de 1 700 milliards de dollars afin que les États-Unis atteignent d'ici 2050 la neutralité carbone.
Lutte climatique menée par les États, municipalités et entreprises
Si Donald Trump venait à obtenir un second mandat, la lutte pour le climat passerait par les États, les municipalités et les entreprises. Leurs initiatives, même sans l'appui du gouvernement fédéral, pourraient permettre aux États-Unis de réduire leurs émissions carbone de 37 % d'ici 2030, selon un récent rapport du groupe America's Pledge.
En cas de victoire de Joe Biden, les États-Unis devront officiellement notifier à l'ONU leur volonté de revenir dans l'accord de Paris.
Ce sera "la partie facile", confie à l'AFP Andrew Light, conseiller environnemental de l'ancien président démocrate Barack Obama, soulignant que la première puissance mondiale sera laissée "à l'écart des échanges" lorsque le Royaume-Uni accueillera en décembre la conférence internationale sur le climat COP26.
L'un des objectifs de l'accord de Paris, signé en décembre 2015 par 195 pays, est de contenir la hausse des températures à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Selon le chercheur néerlandais Niklas Höhne, membre du groupe Climate Action Tracker, "le plan climatique de Biden pourrait permettre à lui seul de réduire la hausse des températures de l'ordre de 0,1 °C". "La politique climatique internationale se jouera à quitte ou double sur cette élection", a-t-il estimé sur Twitter. "Chaque dixième de degré compte."
Indeed this election could be a make or break point for international climate policy. Biden's climate plan alone could reduce temperature increase in the order of 0.1°C. Every tenth of a degree counts. https://t.co/PVU44ToHWW https://t.co/qdrYoXMnh4
— Niklas Höhne (@niklashoehne) November 3, 2020Face au retrait de Washington, d'autres puissances ont revu leurs objectifs à la baisse
Des défenseurs de l'environnement estiment que certains pays, comme l'Australie, l'Arabie saoudite ou le Brésil, ont profité de l'annonce du retrait américain de l'accord de Paris pour revoir à la baisse leurs propres ambitions.
Et même si les États-Unis étaient amenés à reprendre rapidement le train en marche, leur crédibilité pourrait être remise en cause. Ils comptaient après tout parmi les architectes de l'accord de Kyoto, qu'ils n'ont finalement jamais ratifié.
D'où la nécessité, pour Andrew Light, d'engager une politique climatique suffisamment ambitieuse et durable pour qu'une future administration républicaine ne puisse pas faire machine arrière.
Plus de centrales à charbon fermées sous Trump que sous Obama
"Des études montrent que la question climatique dépasse auprès du grand public le clivage entre républicains et démocrates", avance l'ancien conseiller de Barack Obama.
Malgré les efforts de Donald Trump pour relancer l'industrie, davantage de centrales à charbon ont fermé sous sa présidence qu'au cours du second mandat de son prédécesseur, Barack Obama. La production et la consommation d'énergies renouvelables ont battu des records dans le pays en 2019, grâce à la loi du marché.
Le gaz naturel compte toujours malgré tout pour plus d'un tiers de la production énergétique américaine, avec l'essor de la fracturation hydraulique. Cette méthode d'extraction au lourd coût environnemental est devenue l'un des enjeux de la campagne présidentielle, notamment dans l'État-clé de Pennsylvanie, où de nombreux emplois en dépendent.
Joe Biden, pris en étau entre pragmatisme politique et ambitions écologiques, dit voir dans le gaz naturel un "pont" vers les énergies renouvelables et s'est engagé à ne pas interdire complètement la fracturation hydraulique.
Avec AFP et Reuters