Dernière attaque d'une série d'attentats sanglants, l'explosion d'une bombe, lundi matin, près de la vallée de Swat conforte l'armée pakistanaise dans sa volonté de lancer une vaste offensive dans le Sud-Waziristan.
REUTERS - Un nouvel attentat a fait 41 morts lundi au Pakistan, où les taliban jurent de multiplier les attaques après leur raid audacieux contre le quartier général de l'armée à Rawalpindi.
La bombe, probablement déclenchée par un kamikaze, a explosé au passage d'un convoi militaire près d'un marché bondé dans le district de Shangla, à proximité de la vallée de Swat, un ancien bastion des insurgés où l'armée affirme avoir rétabli la sécurité après une offensive déclenchée au printemps.
itTrente-cinq civils ont péri, ainsi que six militaires, a déclaré un responsable de la police locale. Il y a également 45 blessés.
Au même moment, les taliban revendiquaient l'attaque menée ce week-end contre le QG de l'armée à Rawalpindi, près d'Islamabad, et juraient de venger leurs "martyrs".
D'après l'armée, neuf assaillants, trois otages et onze militaires ont trouvé la mort dans le raid qui s'est terminé dimanche par une intervention des commandos pour libérer 39 personnes détenues dans un bâtiment annexe au QG.
Azam Tariq, porte-parole du mouvement insurgé, a précisé que l'assaut avait été mené "par notre unité du Pendjab", confirmant l'hypothèse d'un lien entre les insurgés et des groupes armés basés dans cette province jouxtant la frontière avec l'Inde.
"Nous vengerons nos martyrs et mènerons plus d'attaques, soit contre le quartier général soit contre une cible plus importante", a ajouté Azam Tariq.
Offensive imminente ?
Cette attaque au coeur du système militaire pakistanais a parachevé une semaine également marquée par des attentats suicide qui ont fait plus de 50 morts à Islamabad et Peshawar.
Ces violences illustrent selon le ministre de l'Intérieur Rehman Malik la nécessité d'une offensive sur le Sud-Waziristan, sanctuaire des taliban et des combattants d'Al Qaïda proche de la frontière afghane, où l'armée procède déjà régulièrement à des raids aériens ou des pilonnages d'artillerie.
Dimanche soir, l'aviation pakistanaise a "touché et détruit deux repaires des rebelles à Makeen et Ladha et nous comptons 16 rebelles tués", a dit un responsable des services de renseignement dans la région.
Les bombardements sur le sud du Waziristan durent depuis plusieurs mois, mais l'armée pakistanaise n'a pas encore franchi le pas d'une offensive terrestre.
Rehman Malik a déclaré à Reuters, dans un entretien à Singapour, que l'offensive était "imminente". "Nous n'avons pas de pitié pour eux parce que nous sommes déterminés à les chasser", a-t-il dit. "Il n'y a aucune place pour eux au Pakistan, je vous le promets."
Le ministre a ajouté que l'offensive au Waziristan, dans le nord-ouest du pays, ne représentait plus un choix. "Ce n'est pas une question d'engagement, c'est devenu une obligation parce qu'il existe une demande de la part des tribus locales pour que nous menions cette opération", a-t-il dit.
Quelque 28.000 soldats ont été mobilisés pour déloger les rebelles taliban dont le nombre est estimé à 10.000 au Sud-Waziristan, d'après des responsables militaires.
Deux chasseurs-bombardiers de l'aviation pakistanaise sont par ailleurs entrés en action dans la région de Bajaur, à 250 km au nord-est du Waziristan, a-t-on appris auprès des autorités locales de cet autre secteur frontalier avec l'Afghanistan.