Alors que de premiers résultats en faveur du président guinéen sortant Alpha Condé ont été annoncés mardi, l'opposition, dont le candidat Cellou Dalein Diallo avait revendiqué la victoire la veille, a dénoncé une "fraude à grande échelle". Les grandes organisations régionales africaines ont pour leur part jugé le scrutin régulier.
Le principal parti d'opposition en Guinée a dénoncé, mardi 20 octobre, une "fraude à grande échelle" visant à le priver de la victoire à la présidentielle de dimanche.
La commission électorale nationale a annoncé dans la soirée des premiers résultats dans quatre circonscriptions sur les 38 du pays, dont trois à Conakry et sa périphérie. Le président sortant Alpha Condé, qui brigue à 82 ans un troisième mandat controversé, l'emporte largement dans les quatre circonscriptions sur son principal rival Cellou Dalein Diallo, et dépasse les 50 % dès le premier tour dans trois d'entre elles. Un officiel de la commission a jugé auprès de l'AFP "impossible d'extrapoler" un résultat national à partir de ces seuls résultats.
Alpha Condé est "en train de tout mettre en œuvre pour faire modifier les résultats sortis des urnes en sa faveur", avait auparavant accusé devant la presse Fodé Oussou Fofana, directeur de campagne de Cellou Dalein Diallo. "Les administrateurs territoriaux, les forces de défense et de sécurité, les ministres, les hauts cadres de l'administration centrale et certains magistrats sont tous mobilisés pour réaliser cette fraude à grande échelle", a-t-il détaillé.
Violences
Cellou Dalein Diallo avait affirmé, lundi, avoir gagné l'élection "dès le premier tour", une déclaration unilatérale qui a déclenché des scènes de liesse dans des quartiers de la banlieue de Conakry, son fief et celui de son parti, l'Union des forces démocratiques (UFDG), mais aussi la condamnation du parti au pouvoir ainsi que des violences.
Celles-ci ont coûté la vie à "quatre adolescents tués par les forces de défense et de sécurité aux ordres d'Alpha Condé", a dit Fodé Oussou Fofana. L'UFDG avait jusqu'ici fait état de trois morts.
Le directeur de la communication de l'UFDG, Ousmane Gaoual Diallo, a estimé, mardi, que "le candidat Cellou Dalein Diallo obtiendrait entre 53 et 58 %", alors que la tension reste palpable à Conakry.
Domicile encerclé
Le domicile de Cellou Dalein Diallo a été encerclé, mardi, en début de soirée, par environ 25 gendarmes et policiers, équipés de casques et de boucliers et soutenus par deux camions anti-émeute, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Ne pouvant faire face à la vérité des urnes, le régime anti-démocratique d'Alpha Condé tente de s'imposer par la force. Il est temps pour la #Guinée de tourner la page de ce régime liberticide et fratricide", a écrit sur Facebook Cellou Dalein Diallo.
Alpha Condé a pour sa part rompu le silence qu'il observait depuis dimanche par un court message sur Facebook : "#Vous et moi. Je salue la maturité politique de nos concitoyens. La Guinée est une et indivisible. #Paix #Quiétude #Sérénité".
"Le processus électoral s'est déroulé dans la paix, conformément à la législation en vigueur en Guinée", avait déclaré le chef de la mission d'observation de la Communauté économique des États ouest-africains (Cédéao), José Maria Neves.
Malgré les craintes de violences, "le scrutin s'est déroulé dans la transparence, dans la sécurité, le calme et la tranquillité", a abondé le chef des observateurs de l'Union africaine, Augustin Matata Ponyo.
Un second tour, s'il doit avoir lieu, est programmé le 24 novembre.
Avec AFP