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Enseignant assassiné : l'Élysée annonce des actions "concrètes"

Deux jours après l'assassinat d'un professeur d'histoire-géographie à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines, le Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron, dimanche, a annoncé des actions "concrètes" sur les messages de haine ou encore la sécurité scolaire.

"La peur va changer de camp", a assuré l'Élysée. Le Conseil de défense présidé par Emmanuel Macron a décidé, dimanche 18 octobre, de renforcer la sécurité des établissements scolaires à la rentrée et de mener des "actions concrètes" rapides contre les associations ou individus auteurs de messages de haine ou de soutien après l'assassinat de Samuel Paty, a indiqué l'Élysée.

Le chef de l'État "a demandé qu'on passe rapidement à l'action et qu'on ne laisse aucun répit à ceux qui s'organisent pour s'opposer à l'ordre républicain", a ajouté l'Élysée, à l'issue de cette réunion de 2h30 avec six ministres et le procureur anti-terroriste Jean-François Ricard.

Ce "plan d'action" lancé dès cette semaine vise ainsi "les structures, associations ou personnes proches des milieux radicalisés" et qui propagent des appels à la haine et à la violence pouvant encourager les attentats. 

"Mesures appropriées" après contrôle de certaines associations, en attendant le projet de loi contre l'islam radical qui pourrait être "enrichi", "procédures" menées dès lundi contre les auteurs de 80 messages de soutiens à l'agresseur de Samuel Paty font partie des mesures prises dans un premier temps. 

"Les islamistes ne doivent pas pouvoir dormir tranquilles dans notre pays", a rapporté l'Élysée.

Ces annonces interviennent deux jours après la mort d'un enseignant décapité aux abords d'un collège de Conflans-Sainte-Honorine après avoir montré en classe des caricatures du prophète Mahomet.

Expulsions de fichés S

Par ailleurs, le gouvernement ordonnera l'expulsion de 231 personnes fichées S pour radicalisation, selon des informations d'Europe 1 qui ont été confirmées à Reuters par une source syndicale.

Sur cette liste, 180 personnes se trouvent actuellement en prison. Les 51 autres, encore en liberté, vont être arrêtées, précise un syndicat de police. Le ministère de l'Intérieur a par ailleurs demandé à ses services d'examiner plus attentivement les dossiers des demandeurs d'asile en France, selon ce même syndicat.

Parallèlement, le gouvernement espère répondre aux inquiétudes d'une communauté éducative fortement secouée en renforçant la sécurité des établissements scolaires à la rentrée après les vacances d'automne.

Autre axe que souhaite développer l'Élysée, la mise en place d'un "contre-discours" aux propos inexacts ou à la propagande radicalisée, citant en exemple le discours d'Emmanuel Macron aux Mureaux qui a été "dévoyé" dans certains pays pour le présenter comme une "croisade anti-musulmans".

Plus largement, l'ensemble de la classe politique a martelé des messages de détermination, les différentes formations politiques de gauche appelant à "l'union nationale" alors que la droite veut lutter plus frontalement face aux mouvances radicales.

Une proposition de loi examinée au Sénat 

Hasard du calendrier, le Sénat doit examiner à partir de lundi une proposition de loi LR, majoritaire à la chambre haute, qui vise à inscrire dans la Constitution la prééminence des règles de la République.

Le projet entend consacrer, à l'article 1er de la Constitution, le principe selon lequel "nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s'exonérer de la règle commune".

En attendant, l'émotion provoquée par cet assassinat dans les Yvelines ne faiblit pas : des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dimanche partout en France en hommage à Samuel Paty.

Samuel Paty a été décapité vendredi vers 17 heures près du collège où il enseignait l'histoire-géographie dans un quartier calme de Conflans-Sainte-Honorine. Son assaillant, un Russe tchétchène de 18 ans, né à Moscou, Abdoullakh Anzorov, a ensuite été tué de neuf balles par la police. Sur Twitter, il a expliqué son geste en disant vouloir se venger de celui "qui a osé rabaisser Muhammad".

L'enquête poursuit son cours, avec une onzième personne, issue de l'entourage de l'assassin présumé, placée dimanche matin en garde à vue, selon une source judiciaire.

Avec Reuters et AFP