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Des combats ont opposé lundi matin les forces séparatistes arméniennes à l'armée azerbaïdjanaise, en violation d'un accord de trêve humanitaire négocié sous l'égide de la Russie et entré en vigueur samedi.

Le cessez-le-feu peine à être respecté dans le Haut-Karabakh. L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont accusées mutuellement lundi 12 octobre d'avoir procédé à de nouvelles attaques à l'intérieur et autour du Haut-Karabakh, mettant ainsi en péril la fragile trêve entrée en vigueur samedi.

Les forces azerbaïdjanaises ont indiqué que leurs positions militaires avaient été bombardées dans la nuit, tandis que la région séparatiste du Haut-Karabakh, située en territoire azerbaïdjanais et peuplée majoritairement d'Arméniens, a dit pour par sa part que ses forces avaient repoussé des attaques de l'armée azerbaïdjanaise.

Le cessez-le-feu, conclu après des négociations marathon à Moscou sous la tutelle du président russe Vladimir Poutine, avait déjà été violé dimanche à la suite d'un bombardement azerbaïdjanais contre un régiment arménien en riposte, selon Bakou, à une attaque arménienne à la roquette contre un immeuble civil.

Erevan rejette les accusations de l'Azerbaïdjan et Reuters n'a pas pu vérifier dans l'immédiat ces informations de manière indépendante.

Nouvelles attaques dans le Haut-Karabakh, la trêve toujours pas respectée

Erevan demande un contrôle de la trêve

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré lundi qu'il était très important que le cessez-le-feu soit respecté et que la présidence étudiait la situation sur le terrain avec attention.

Les discussions organisées à Moscou constituaient le premier contact diplomatique entre Bakou et Erevan depuis que les combats ont éclaté le 27 septembre dans l'enclave. Environ 500 personnes auraient été tuées depuis cette date.

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Zohrab Mnatsakanyan, s'est entretenu ce lundi à Moscou avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Il a accusé l'Azerbaïdjan de contribuer à la diffusion de l'influence turque dans la région et de faire appel à des mercenaires proturcs, ce qu'Ankara dément.

"Nous voulons le cessez-le-feu, nous voulons des mécanismes de contrôle sur le terrain", a-t-il dit, estimant qu'ils permettraient d'identifier l'auteur d'une attaque et le camp qui ne respecte pas la trêve.

Réunion des 27 à Berlin

Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense, les forces arméniennes ont tenté à plusieurs reprises d'attaquer des positions autour des régions d'Aghdere-Aghdam et de Fizuli-Jabrail. Elles continuent en outre, ajoute le ministère, de bombarder des zones dans les régions de Goranboy, Terter et Aghdam, en Azerbaïdjan.

Les autorités du Haut-Karabakh ont dit pour leur part que leurs forces avaient infligé des pertes aux forces azerbaïdjanaises et que des opérations militaires à grande échelle se poursuivaient dans le secteur de Hadrut, situé dans l'enclave. Ces informations n'ont pas pu être vérifiées par Reuters de manière indépendante.

S'exprimant en amont d'une réunion prévue à Berlin des ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne, le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, a exhorté la Turquie à faire davantage pour mettre fin aux tensions.

"La Turquie n'a pas encore appelé à une trêve, et je pense qu'elle a tout à fait tort d'adopter cette position", a-t-il déclaré.

"Je pense que le message du Luxembourg sera un appel à la Turquie, membre de l'Otan, pour qu'elle aide à organiser rapidement un cessez-le-feu", a-t-il ajouté.

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a pour sa part réitéré ses appels à la Turquie pour qu'elle s'implique dans le processus de paix, qui est conduit depuis des années sous la médiation de la France, de la Russie et des États-Unis.

La reprise des combats dans le Haut-Karabakh a fait craindre que le conflit, vieux de plusieurs décennies, ne se transforme en guerre plus vaste impliquant la Turquie, proche de Bakou, et la Russie, liée à Erevan par un accord de défense. La région est en outre traversée d'oléoducs essentiels à l'approvisionnement des marchés mondiaux du pétrole et du gaz.

Les nouveaux combats entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont les plus violents depuis l'accord de cessez-le-feu conclu en 1994, qui a mis fin à une guerre ayant fait au moins 30 000 morts.

Avec Reuters