Un projet de loi au Kenya, qui doit être voté par le Sénat, prévoit un meilleur accès au planning familial, ainsi que des soins hospitaliers pour les femmes enceintes. Il doit aussi encadrer l'avortement et prévoit de développer la procréation médicalement assistée. Les associations religieuses sont vent debout contre le projet.
L'accès au planning familial est difficile au Kenya. Faute d'informations suffisantes, faute d'éducation sexuelle des jeunes, et particulièrement des filles, les grossesses non prévues sont nombreuses et les futures mères souvent livrées à elles-mêmes.
Un projet de loi, qui doit bientôt être voté par le sénat, laisse néanmoins espérer une meilleure prise en compte de la santé des femmes. Il prévoit notamment de faciliter l'accès au planning familial, ainsi que des soins hospitaliers pour les futures mères.
"L'État ne peut pas prétendre que tout va bien sur le terrain. Il faut que les politiques s'unissent et travaillent avec les défenseurs des droits de l'Homme et les citoyens pour donner plus de droits aux femmes", estime Maureen Akinyy. Co-fondatrice de l'association "Unicorn girls ressource center", elle fait régulièrement de la prévention et de l'information auprès des jeunes filles, directement concernées.
Le tabou de l'avortement
Mais ce projet de loi touche à un sujet compliqué au Kenya : celui de l'avortement. L'interruption volontaire de grossesse (IVG) n'est aujourd'hui autorisée au Kenya que sur recommandation médicale, si et seulement si la vie de la mère est en danger.
Pourtant, les grossesses non désirées sont nombreuses. Selon une étude de 2013 du Centre de recherche sur la population et la santé en Afrique (APHRC), la dernière menée sur le sujet, près de 40 % des grossesses y sont non désirées. Alors, face au difficile accès aux soins génésiques, les femmes s'organisent. En 2012, une femme sur 21 en âge d'avoir un enfant a eu recours à une IVG.
À leurs risques et périls. La plupart des IVG sont menées en dehors du cadre médical, provoquant infection, ou septicémie. Chaque jour, une femme sur sept meurt des suites d'un avortement clandestin.
Les associations religieuses vent debout
Le projet de loi prévoit donc de mieux encadrer la prise en charge des IVG. En 2019, la haute cour de justice avait déjà fait un premier pas en autorisant les femmes et filles victimes de violences sexuelles à avorter. Mais ces arguments sont non recevables par les associations religieuses qui considèrent que la loi est pro-avortement et demandent son retrait.
"Nous préfèrerions que le gouvernement consulte toutes les parties prenantes afin d'établir un projet de loi qui fasse consensus", déclare à France 24 Charles Kanjama, président du Forum de professionnels chrétiens du Kenya.
Selon un sondage, 85% de la population kenyane est chrétienne et contre l'IVG. En 2014, une proposition de loi similaire avait été rejetée. Cette année, ses partisans veulent y croire malgré les fortes oppositions. La ministre de la Santé elle-même s'est prononcée contre.