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À quoi ressembleront les négociations sur le stress au travail préconisées par le ministre Xavier Darcos ? Nous avons posé la question à Jean-Denis Combrexelles, chef de la Direction générale du travail, au ministère du Travail.
Le ministre du Travail, Xavier Darcos, a demandé aux entreprises d’engager des négociations sur la prévention du stress au travail. S'agit-il de la suite logique de la signature de l’accord interprofessionnel de 2008 portant sur cette question ?
L’accord interprofessionnel s’en tient à des principes généraux [le texte définit le stress, en donne des outils d'identification dans l'entreprise, et met en avant la responsabilité de l'employeur, ndlr]. Il est vrai que cet accord aurait pu suffire. Mais nous tenons à ce que chaque entreprise négocie, pour que la lutte contre le stress devienne très concrète.
En février, nous rendrons public celles qui ont négocié et celles qui ne l’ont pas fait. Cette "sanction" est symbolique, certes, mais efficace, car les grandes entreprises veulent toujours apparaître plus vertueuses les unes que les autres.
Pourquoi inciter en priorité les grandes entreprises à le faire, plutôt que les PME ? Est-ce là qu'il y a le plus de stress ?
Le stress concerne autant les grandes entreprises que les moyennes. Les petites sont dans une situation relativement privilégiée. Le suicide par exemple - qu'il ne faut pas confondre avec le stress, évidemment - touche très peu les très petites entreprises.
Au niveau de la direction des ressources humaines, les grandes entreprises ont les moyens de faire un diagnostic et de promouvoir des mesures. Le ministère leur met la pression. En ce qui concerne les petites et les moyennes entreprises, on est davantage dans une logique d’accompagnement.
Sur quelles mesures concrètes peuvent déboucher des négociations sur le stress au travail ? La proposition de stages de relaxation ? Une révision complète de la façon de travailler ?
Le vrai problème, c’est que lorsque le stress n’est pas traité, cela se traduit par des arrêts maladie, une position de repli du salarié, etc. Il ne faut pas traiter uniquement le stress sous son angle médical ou social, mais comprendre que le stress nuit au bon fonctionnement de l’entreprise.
Chaque entreprise a ses spécificités. Mais, globalement, il y a des leviers de stress qui se retrouvent souvent : la charge de travail, la charge émotionnelle liée à la relation avec le public, les conflits de valeur ou encore l’insécurité de l’emploi. L'un des problèmes récurrents est le rôle de l’encadrement. Les cadres sont les récepteurs privilégiés du stress, mais aussi ses diffuseurs.
Des entreprises telles qu’Alstom ou Peugeot ont déjà fait des diagnostics pertinents et trouvé des solutions intéressantes (chez Peugeot, un accord devrait être rendu public dans les prochains jours. Il fait suite au suicide de cinq salariés en 2007, ndlr). Un travail a été fait sur l’encadrement intermédiaire, la vie en atelier, l’équilibre avec la vie privée… Il n’y pas de solution miracle, mais les résultats peuvent être surprenants.