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Les États-Unis invectivent la Chine à l'ONU, Macron fustige la rivalité des deux super-puissances

Au premier jour de l'Assemblée générale de l'ONU, les chefs d'État ont pris tour à tour la parole à l'occasion de la grand-messe diplomatique annuelle, organisée en visioconférence en raison de la crise sanitaire du Covid-19. L'occasion d'une passe d'armes entre les États-Unis et la Chine. Emmanuel Macron a, de son côté, fustigé la rivalité entre les deux super-puissances.

Trump, Erdogan, Xi, Poutine, Rohani, Macron... En pleine crise mondiale due à la pandémie de Covid-19, les chefs d'État s'expriment via écrans interposés, mardi 22 septembre, au premier jour de l'Assemblée générale de l'ONU.

Après une introduction du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, le président brésilien Jair Bolsonaro a parlé le premier, comme le veut la coutume, suivi de Donald Trump. Les discours des 193 membres vont s'enchaîner pendant une semaine. Des sommets thématiques (Covid-19, climat, Liban, Libye, biodiversité...), aussi virtuels, sont prévus dans les semaines à venir en marge de l'Assemblée.

• Donald Trump, président des États-Unis

"Au début de la propagation du virus, la Chine a interdit les vols intérieurs tout en autorisant les avions à quitter la Chine et infecter le monde", a déclaré Donald Trump. "Le gouvernement chinois et l'Organisation mondiale de la santé, qui est quasiment contrôlée par la Chine, ont déclaré à tort qu'il n'existait pas de preuve de transmission humaine" du virus, a-t-il ajouté. "Les Nations unies doivent tenir la Chine pour responsable de ses actes", a-t-il martelé.

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Il a aussi prédit une sortie de crise chargée de promesses : "Nous distribuerons un vaccin, nous vaincrons le virus, nous mettrons fin à la pandémie et nous en entrerons dans une nouvelle ère inédite de prospérité, de coopération et de paix. (...) C'est avec fierté que je fais passer l'Amérique avant tout, c'est bien, vous devriez faire de même".

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• Xi Jinping, président de la République populaire de Chine

"Le virus sera vaincu, l'humanité remportera le combat" a affirmé le président chinois Xi Jinping en ouverture de son discours. "Face au virus nous devons mobiliser toutes les ressources et placer la vie humaine au-dessus de tout" a-t-il souligné, estimant qu'un soutien particulier devait être apporté aux pays en développement, notamment africains.

"Nous devons nous soutenir mutuellement et rejeter les querelles idéologiques" a-t-il poursuivi, affirmant que la Chine n'avait "aucune intention" d'entrer dans une guerre froide avec qui que ce soit. 

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• Emmanuel Macron, président de la France

"L'humanité vaincra cette pandémie, un remède sera trouvé" a estimé Emmanuel Macron, affirmant qu'il fallait, d'ici là, apprendre à vivre avec le virus du Covid-19. "Des années de progrès contre d'autres maladies comme le VIH et la tuberculose ont pris du retard" a-t-il déploré, soulignant l'impact dramatique de la crise sur les citoyens du monde entier.

Le président français a dénoncé "la propagande des États et l'épidémie de la désinformation". Il a par ailleurs affirmé que le monde ne pouvait se résumer à la rivalité entre le Chine et les États-Unis : "Il faut rebâtir un nouvel ordre et l'Europe doit prendre ses responsabilités".

"L'Union européenne a fait un pas historique de souveraineté" durant la crise, s'est félicité Emmanuel Macron, louant l'accord d'un moratoire sur la dette pour l'Afrique.

Le président français a également souligné que la lutte contre le terrorisme restait une priorité. "Nous avons obtenu une première victoire avec la fin du califat de l'organisation État islamique" a-t-il affirmé, estimant que le combat devait se poursuivre.

Enfin, il a souligné l'engagement de la France au Sahel contre le groupe État islamique et Al-Qaïda et estimé que ces deux organisations avaient "subis des revers sans précédents" au cours des derniers mois.

• Recep Tayyip Erdogan, président de la Turquie

"Il faut réformer l'ONU, les organisations internationales n'ont pas été efficaces pendant la crise du Covid-19" a affirmé Recep Tayyip Erdogan.  "Le multilatéralisme doit être mis au service de la lutte contre le coronavirus. J'appelle à ce que les traitements médicaux et les vaccins ne soient pas soumis à la concurrence."

La Turquie "répond aux besoins de millions de syriens réfugiés mais aussi en Syrie dans les zones qu'elle contrôle" s'est félicité le président turc. "Nous menons cette mission sans véritable appui des organisations internationales", a-t-il déploré. "Certains pays violent les droits des réfugiés et demandeurs d'asile, la communauté nationale doit réagir".

Recep Tayyip Erdogan a appelé à un "dialogue sincère" pour résoudre le conflit qui oppose son pays à la Grèce et l'Union européenne en Méditerranée, tout en rejetant tout "harcèlement" visant la Turquie. "Notre priorité est de résoudre les conflits par un dialogue sincère, fondé sur le droit international et une base équitable. Cependant, je veux clairement affirmer que nous n'allons jamais tolérer aucun diktat, harcèlement ou attaque".

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• Vladimir Poutine, président de la Russie

"L'ONU s'acquitte dignement de sa mission principale en garantissant la paix" a affirmé le président russe.

Vladimir Poutine a dédié une part importante de son discours à la crise du coronavirus : "Selon les experts, la cessation partielle ou complète d'activité a entrainé la perte de 400 millions d'emplois et il faut tout faire pour combattre ce chômage massif" a-t-il affirmé.

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"La pandémie a soulevé toute une série de questions éthiques et humanitaires" a-t-il poursuivi. Le président russe a salué l'utilisation de la technologie pour combattre le virus, tout en appelant à la vigilance : "Comme pour toute innovation, l'utilisation de technologies de pointe pose également des risques si elles tombent entre de mauvaises mains. (...) Elles doivent être utilisées pour le bien de l'humanité" a-t-il souligné.

"Notre pays a participé activement à la lutte nationale et internationale contre le Covid-19" a estimé Vladimir Poutine. "Le vaccin russe a montré sa fiabilité et son efficacité. (...) Nous devons garantir un accès gratuit à la vaccination pour tous les citoyens du monde".

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• Hassan Rohani, président de la république islamique d'Iran

"Le Covid-19 est l'affaire de toute l'humanité" a affirmé le président iranien en ouverture de son discours, appelant à la solidarité des États face à la pandémie. "L'Iran est aux prises avec les plus graves sanctions de son histoire au mépris de la loi internationale", a-t-il déploré, pointant du doigt, sans les nommer, les États-Unis. Hassan Rohani a même dressé un parallèle entre la mort de Georges Floyd aux États-Unis et le traitement infligé à son pays : "L'Iran a payé cher sa quête de liberté".

"Nous avons lutté contre les terroristes de Daesh, ceux qui prétendaient combattre pour l'islam" a affirmé le président iranien, avant de rendre hommage au général iranien Qassem Soleimani, tué en janvier 2019 par une frappe aérienne américaine.

Hassan Rohani a accusé les sanctions américaines de porter "atteinte à la santé et à la liberté de tous les iraniens" et a remercié la Russie et la Chine de s'être opposés aux États Unis sur le rétablissement des sanctions internationales.

• Jair Bolsonaro, président du Brésil

Il estime que son pays est "victime d'une des campagnes de désinformations les plus brutales sur l'Amazonie et le Pantanal", où des incendies font rage actuellement. "Tout le monde sait que l'Amazonie brésilienne est très riche. Cela explique le soutien d'institutions internationales à cette campagne aux intérêts douteux, avec le concours d'associations brésiliennes profiteuses, antipatriotiques, ayant pour objectif de porter du tort au Brésil", a-t-il ajouté.

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Avec AFP