
Dans les dernières vingt-quatre heures, la France a enregistré près de 10 000 nouveaux cas de Covid-19, tout près de son niveau record depuis le lancement des tests à grande échelle dans le pays, a annoncé mercredi Santé publique France. En outre, 46 décès ont été enregistrés, alors que le gouvernement prépare les esprits à un durcissement des contraintes sanitaires dans plusieurs territoires face au rebond de l'épidémie.
L'agence Santé publique France a fait état, mercredi 16 septembre, de 9 784 nouvelles contaminations dues au nouveau coronavirus en 24 heures et d'une hausse des hospitalisations et admissions en services de réanimation.
Le nombre de patients hospitalisés au cours des sept derniers jours s'élève selon elle à 2 976, soit 263 de plus que mardi. Parmi eux, 508 ont été admis en réanimation, soit 29 de plus que la veille. Le taux de positivité des tests est resté stable à 5,4 % et 862 foyers d'infection sont en cours d'investigation (+77 en 24 heures).
Quarante-six décès supplémentaires ont par ailleurs été recensés, ce qui porte le bilan à 31 045 morts depuis le début de l'épidémie en France, et confirme une courbe ascendante.
Vers un renforcement des mesures sanitaires
Après Lille, Marseille et Bordeaux, le gouvernement prépare les esprits à un durcissement des contraintes sanitaires dans plusieurs territoires face au rebond de l'épidémie de Covid-19.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, va de nouveau monter en première ligne jeudi à 17 h pour défendre et détailler la politique anti-Covid-19, dans un point-presse qui redeviendra hebdomadaire.
Il fera "une présentation claire, pédagogique de la stratégie" de l'exécutif "pour vivre avec le virus", a expliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, à l'issue d'un conseil des ministres de nouveau dominé par la gestion de la pandémie.
"Toute la transparence" sera donnée "sur les chiffres" des contaminations, "département par département", a assuré le président Emmanuel Macron, qui a de nouveau prévenu que le virus allait continuer à sévir "pendant des mois" en France.
"Il tourne de plus en plus vite dans certains départements, ce qui conduit le gouvernement à durcir un peu les règles", a-t-il ajouté, encourageant les Français à "s'accrocher" avant "des jours meilleurs", après avoir assisté, masqué, à la 17e étape du Tour de France, à Méribel (Savoie).
Rentrée à hauts risques
Parmi les métropoles où des contraintes pourraient être annoncées figure Lyon, le département du Rhône présentant un taux d'incidence de 168 cas pour 100 000, le deuxième plus important de la métropole après les Bouches-du-Rhône.
À Toulouse, première ville à imposer le port du masque, le maire LR, Jean-Luc Moudenc, juge inéluctable un renforcement des mesures sanitaires. "On voit les indices se dégrader, donc on ne peut pas rester les bras croisés, on a le devoir d'aller plus loin, on y travaille. On doit se prononcer sur la prolongation (du port du masque) et des compléments de mesures", a-t-il dit mercredi lors d'une conférence de presse.
Alors que globalement, la France voit se multiplier le nombre de cas et d'hospitalisations, le gouvernement doit répondre non seulement à ce rebond mais aussi surmonter la méfiance croissante de la population. Près d'un Français sur deux trouve que l'exécutif ne prend "pas assez de précautions" et 62 % ne lui font "pas confiance" pour lutter contre l'épidémie, 6 points de plus que fin août, révèle un sondage Elabe pour BFMTV.
Par ailleurs, la rentrée scolaire et universitaire reste à hauts risques : 81 établissements scolaires et un peu plus de 2 100 classes ont été fermés depuis début septembre. Mais cela ne représente que "0,13 % des quelque 60 000 établissements scolaires du pays", a souligné le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer.
Maintenir les grands événements autant que possible
En application de la nouvelle stratégie "territorialisée", toute mesure anti-Covid-19 nouvelle sera annoncée sur place par le préfet, après concertation avec les élus locaux, afin d'éviter les accusations de décisions verticales prises depuis Paris.
L'État gardera ses pouvoirs exceptionnels de restriction des rassemblements et des déplacements, le conseil des ministres ayant adopté mercredi un projet de loi qui prolonge ces autorisations de six mois, jusqu'en avril 2021.
"Compte tenu de la situation sanitaire, il est nécessaire d'anticiper et de nous donner tous les outils pour continuer à combattre l'épidémie", a expliqué Gabriel Attal.
C'est ce dispositif qui avait permis d'annoncer lundi des mesures plus contraignantes dans les Bouches-du-Rhône, le Nord et la Gironde – interdiction des soirées dansantes dans les bars et des fêtes étudiantes, suspension des sorties scolaires et limitation des rassemblements dans les parcs et les plages.
Mais, a insisté Emmanuel Macron, "chaque fois" qu'il est possible d'organiser de grands rendez-vous culturels ou sportifs, "on doit les tenir, avec des contraintes". Il a cité en exemple "l'extraordinaire travail" réalisé par les organisateurs du Tour de France, ou le tournoi de tennis de Roland-Garros, prévu du 27 septembre au 11 octobre.
À la liste des nombreuses manifestations annulées s'est ajouté mercredi le festival du film britannique de Dinard, qui devait être présidé par Emmanuelle Béart à partir du 30 septembre, en raison "des chiffres inquiétants" de contamination en Ille-et-Vilaine.
Avec AFP et Reuters