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Le tribunal de Paris a été le théâtre de la très attendue confrontation entre le général Rondot et les prévenus, dont le plus célèbre d'entre eux, Dominique de Villepin, ce mercredi. Mais chacun a fermement campé sur ses positions.
AFP - Dominique de Villepin, Imad Lahoud et Jean-Louis Gergorin se sont renvoyés la balle à l'occasion de leur confrontation devant le tribunal correctionnel de Paris, tous campant fermement sur leurs positions et s'accusant mutuellement d'être impliqués dans l'affaire Clearstream.
Une semaine après son audition, Dominique de Villepin est confronté à ses deux principaux contradicteurs : son co-prévenu Jean-Louis Gergorin et le général Philippe Rondot, témoin au procès, qui avait enquêté dès 2003 sur les listings Clearstream pour le compte du ministère de la Défense.
L'ancien Premier ministre est soupçonné d'avoir participé à cette machination au cours de laquelle des noms de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, ont été ajoutés dans des listings bancaires, afin de faire croire qu'ils détenaient des comptes occultes.
Alors que Dominique de Villepin nie vigoureusement toute complicité, le général Rondot lui a apporté lundi, lors de son témoignage, de nombreuses contradictions.
Le militaire avait notamment affirmé que le ministre était intervenu le 25 mars 2004 auprès de lui pour faire libérer Imad Lahoud, alors placé en garde à vue pour une affaire d'escroquerie.
"Je n'ai pas tenu ces propos", a répété M. de Villepin. "Je n'ai pas demandé la libération d'Imad Lahoud que je ne connaissais pas". Dans ses notes, Philippe Rondot "a résumé mes propos en une formule lapidaire, mais ce n'est pas la formule que j'ai moi-même employée", il y a eu une "incompréhension", une "mauvaise interprétation".
Toujours aussi droit dans ses bottes, le général Rondot maintient ses premières déclarations : "je n'ai pas de raison d'inventer", "je ne suis pas un serpent avec un joueur de flûte".
La partie de ping pong a ensuite continué entre MM. Villepin et l'ancien vice président d'EADS, Jean-Louis Gergorin.
- Gergorin : le 25 mars 2004, "j'ai joint indirectement M. de Villepin"
- Villepin : "il ne m'a jamais joint ni directement ni indirectement au téléphone".
En fin d'après-midi, le match ne faisait que commencer.
Plus tôt, dans une ambiance pour le moins dissipée, le président Dominique Pauthe avait commencé par confronter les faussaires présumés, Jean-Louis Gergorin et Imad Lahoud, au général Rondot.
Dans cette bataille d'arguties, c'est le mathématicien Imad Lahoud qui semblait mercredi soir avoir vu sa crédibilité la plus sérieusement écornée. Il a répété avoir agi "à la merci" de Gergorin, qui "voulait à tout prix que le général Rondot pousse ses enquêtes sur ces histoires de listings Clearstream".
"Je confirme avoir donné" des documents au général Rondot "sur demande de Jean-Louis Gergorin", a-t-il dit. Mais "je n'ai pas rajouté les noms, je n'ai pas falsifié les fichiers".
"Tout venait d'Imad Lahoud ! C'est une aberration ce qu'il dit", lui a répondu l'ancien responsable d'EADS.
"Je n'ai pas rédigé" la première lettre de dénonciation anonyme au juge Renaud van Ruymbeke, "comme le prétend Jean-Louis Gergorin", a ajouté l'ancien trader. Mais alors comment se fait-il que quelques jours plus tard, il remette ces documents au général Rondot, lui demande le président Dominique Pauthe.
C'est le journaliste Denis Robert, ami de Renaud van Ruymbeke, qui lui aurait remis. Une version tout bonnement démentie par le journaliste.
Etrange attitude également d'Imad Lahoud à l'égard de son ancien officier traitant, le général Rondot : tantôt il l'accuse de mentir devant le tribunal, tantôt il lui présente ses plus plates excuses, pour l'avoir "trompé" en 2004 alors que le militaire l'avait toujours "très bien traité et respecté".