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Le journaliste algérien Abdelkrim Zeghileche a été condamné, lundi, à deux ans de prison pour son implication dans le mouvement prodémocratie en Algérie. Une condamnation qui intervient au lendemain d'un rassemblement devant l'ONU, en Suisse, demandant la fin des "détentions arbitraires".
Le nom du journaliste algérien Abdelkrim Zeghilèche s'apprête à rejoindre la liste de "prisonniers de conscience" que comptent présenter, lundi 24 août, des ressortissants algériens partisans du "Hirak" aux experts de l'ONU.
Le directeur de Radio-Sarbacane, radio indépendante en ligne, a en effet été condamné à deux ans de prison ferme pour "atteinte à l'unité nationale" et "outrage au chef de l'État", selon ses avocats, tandis que des militants algériens pro-démocratie s'organisaient à Genève, en Suisse, pour porter devant l'ONU la question des détentions arbitraires en Algérie.
Près de 300 partisans du "Hirak", le mouvement de contestation qui secoue l'Algérie depuis février 2019, se sont rassemblés dimanche devant le Palais des Nations, le siège européen de l'ONU, pour demander la libération de ceux qu'ils considèrent comme des prisonniers politiques.
Arborant des drapeaux algériens et scandant des slogans comme "La liberté on va l'avoir !", "Libérez les prisonniers !" ou encore "Les généraux, à la poubelle !", les manifestants ont installé des photos de plusieurs personnes condamnées, selon eux, pour leur implication dans le mouvement pro-démocratie.
"Libérez les prisonniers !"
Depuis plusieurs mois, les autorités algériennes ciblent les militants du "Hirak", opposants politiques, journalistes et internautes, multipliant poursuites judiciaires et condamnations. Ces militants contestent l'élection en décembre 2019 de Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
À Genève, parmi les manifestants, Karim Naït Ouslimane, le fondateur de l'organisation "Rebuilding Algeria" qui rassemble des cadres algériens vivant à l'étranger, a fait part de sa volonté de déconstruire le "système mafieux établi actuellement".
"Nous sommes venus spécialement pour défendre la cause des détenus d'opinion et politique en Algérie, pour défendre aussi les journalistes en prison et pour porter la voix du peuple algérien qui milite et se bat pacifiquement depuis plus d'un an pour l'établissement d'un véritable état démocratique", a-t-il déclaré à l'AFP.
Journalistes en prison
La lourde peine contre Abdelkrim Zeghilèche, deux semaines après celle contre le journaliste Khaled Drareni, illustre la volonté des autorités algériennes d'étouffer les critiques publiques les plus virulentes contre le régime.
Il est notamment reproché à Abdelkrim Zeghilèche, détenu depuis le 24 juin, des publications sur Facebook appelant à la création d'un nouveau parti politique.
"Maintenant, tous les opposants algériens, dès qu'ils parlent, on leur colle 'atteinte à l'unité nationale' pour les incarcérer", a déploré l'avocat, Me Djamel Aissiouane. "Abdelkrim Zeghilèche a été condamné à deux ans de prison ferme et à une amende de 100 000 dinars (soit 660 euros). Le dossier est vide. Nous allons faire appel", a-t-il ajouté.
Le 10 août 2020, Khaled Drareni, directeur du site d'information Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour TV5 Monde, a été condamné à trois ans de prison ferme pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale".
Campagne de solidarité internationale
La sentence très sévère a choqué ses collègues en Algérie et au-delà. Une campagne internationale de solidarité a été lancée par des défenseurs des droits de la presse et de la protection des journalistes. Des manifestations en faveur de sa libération ont été organisées à Paris, New York et Genève.
Abdelkrim Zeghilèche avait été relaxé le 4 mars dans le cadre d'un autre procès : le procureur de Constantine avait alors requis six mois de prison ferme contre lui et sa collègue Lynda Nacer pour "incitation à attroupement non armé" après un appel à un sit-in contre le cinquième mandat du président déchu Abdelaziz Bouteflika début 2019.
Ces derniers mois, des journalistes ont été accusés par le régime de semer la discorde, de menacer l'intérêt national et surtout d'être à la solde de "parties étrangères". Plusieurs sont en prison et des procès sont en cours.
L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters Sans Frontières. Elle a dégringolé de 27 places par rapport à 2015.
Avec AFP