La géant minier Rio Tinto va retirer 3 millions d'euros de bonus à son patron, le Français Jean-Sébastien Jacques, à la suite du dynamitage d'un site australien qui fut habité par des Aborigènes, il y a plus de 46 000ans.
Rio Tinto voulait agrandir une mine de minerai de fer. Alors, le 24 mai 2020, le groupe minier anglo-australien a détruit à l'explosif la grotte de Juukan Gorge, en Australie occidentale. Seulement, la mine était l'un des sites de peuplement aborigène les plus anciens du pays. Face à l'émoi suscité en Australie par cette destruction, le groupe a pris une mesure aussi symbolique que punitive, demandant à son directeur général, Jean-Sébastien Jacques, de renoncer à ses 2,7 millions de livres (soit 3 millions d'euros) de bonus
Le chef de la division "Minerai de fer" Chris Salisbury et la cheffe de la communication Simone Niven renonceront de leur côté à des bonus de 792 000 dollars américains et de 687 000 dollars américains, a également annoncé le groupe après une enquête interne.
Autorisations légales de détruire le site
L'enquête a pourtant montré que Rio Tinto avait bien obtenu les autorisations légales pour détruire le site mais que, ce faisant, le groupe n'avait pas respecté ses propres standards. Elle a estimé que ce dynamitage n'était "pas le résultat d'une seule cause ou d'une seule erreur", mais "le résultat d'une série de décisions, d'actions et d'omissions sur une longue période".
Le président de Rio Tinto, Simon Thompson, a déploré un manque de respect de son groupe envers les communautés locales et leur patrimoine. "Cette enquête fournit un cadre clair en vue de changements. Il faut souligner que ce n'est que le début d'un processus et non sa fin", a-t-il déclaré. "Nous allons mettre en œuvre de nouvelles mesures importantes pour nous assurer que ce qui s'est passé à la grotte de Juukan ne se reproduise pas".
Un outil en os de kangourou vieux de 28 000 ans
L'importance culturelle du site avait été établie par des fouilles réalisées un an après que Rio Tinto eut obtenu l'autorisation de le détruire. Ces fouilles avaient permis de découvrir l'outil en os le plus ancien découvert à ce jour en Australie, réalisé il y a 28 000 ans avec un os de kangourou. Des analyses ADN avaient permis d'établir un lien entre le peuplement du site et des personnes habitant toujours dans la zone.
L'Etat d'Australie occidentale est en train de réexaminer les lois régissant les activités minières près des sites du patrimoine aborigène.
Avec AFP