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Jeunes et engagées : qui étaient les victimes françaises de l'attaque au Niger ?

Ils étaient jeunes, bardés de diplômes et travaillaient sur un des terrains les plus dangereux d'Afrique. Éléments de portraits des six victimes françaises tuées, dimanche, dans une attaque au Niger, ainsi que de leurs deux accompagnateurs nigériens.

L'émotion reste vive depuis la mort de six jeunes humanitaires français et de leurs deux accompagnateurs nigériens, dimanche 9 août, dans une attaque non revendiquée.

Le Premier ministre Jean Castex présidera vendredi à l'aéroport d'Orly une cérémonie nationale d'hommage, à 16 h, en présence des familles, à l'occasion du rapatriement des corps des six Français.

Surdiplômés et très engagés, les victimes françaises ne rêvaient que de changer le monde en partant travailler pour Acted sur l'un des terrains les plus dangereux d'Afrique. Portraits.

  • Charline

Originaire de Seine-Maritime, cette doctorante de 30 ans, spécialiste des sciences de gestion a enseigné pendant cinq ans à l'université d'Aix-Marseille, puis a travaillé deux ans à l'ambassade de France au Nigeria, avant d'être récemment embauchée par Acted.

"Elle était pleine de vie, pleine de convictions, idéaliste. Elle ne supportait pas l'injustice. Elle se battait pour ses idées", souligne Sarah, l'une de ses sœurs, qui indique qu'elle avait pris son poste à Niamey il y a seulement une semaine.

"Elle avait déjà voyagé quelques jours au Niger avant de prendre son poste à Niamey. Elle avait un fort caractère, toujours partante pour tout, drôle, pleine d'humanité. C'est dur de le dire aujourd'hui mais elle était très vivante", évoque son amie Anna Gomez-Colombani. "Après le Niger, elle avait aussi pour projet de partir vivre en Jordanie, où on avait voyagé toutes les deux il y a quelques semaines. Elle ne s'arrêtait pas."

"C'était une femme de caractère, dont sa famille était fière, engagée dans ses recherches en économie du développement, joignant le travail académique au travail sur le terrain", a témoigné son directeur de thèse Claude Rochet.

???? Charline
???? Nadifa
???? Stella
???? Myriam
???? Antonin
???? Léo

Qui sont les 6 victimes françaises de l'attaque au #Niger dimanche ?

#JT13h pic.twitter.com/KoTg4uZ2rC

— Info France 2 (@infofrance2) August 11, 2020
  • Stella

Elle avait fait ses études de marketing et de management à Montpellier, sa ville d'origine, puis en région parisienne, avant de se consacrer à partir de 2015 à l'humanitaire, selon son profil LinkedIn.

Passée par l'ONG Oxfam en Centrafrique, elle avait aussi été initiée six mois sur le terrain par l'institut Bioforce, référence française en matière de formation des humanitaires, a indiqué à l'AFP cet institut basé à Vénissieux.

En 2020, elle avait rejoint Reach, un programme d'analyse de données humanitaires lancé par Acted et par son organisation sœur, Impact.

  • Nadifa

Passée par les entreprises Axa et Véolia, elle a rejoint en 2015 le ministère des Armées, principalement à des fonctions financières et de gestion. Elle avait été déployée six mois à Bangui, auprès d'une mission européenne militaire en République centrafricaine.

La jeune femme réalisait en parallèle un doctorat sur "la responsabilité des entreprises exportatrices d'armes" à l'Université d'Aix-Marseille, selon sa fiche LinkedIn.

Elle avait, début décembre, suivi une formation en anglais (Humanitarian Program Manager) à l'institut Bioforce et avait quitté l'armée en février, selon le ministère des Armées, avant d'être envoyée six mois sur le terrain au Niger.

  • Myriam

Originaire de Toulouse, elle avait fait un master en gestion de crise et conflits à l'Université Paris-Dauphine et avait été formée dans différentes ONG en France et en Colombie.

Elle avait rejoint Acted il y a deux ans, d'abord à Paris, avant de passer par la Tunisie, le Tchad et le Niger, où elle avait été mutée il y a quelques mois.

"Elle était assez discrète, passionnée, joyeuse, prévenante, à l'écoute. Si tu avais un problème, elle venait vers toi. Déjà, elle était attirée par l'Afrique. Pas étonnant qu'elle se soit dirigée vers l'humanitaire. Je garde un très bon souvenir d'elle", a confié à l'AFP Boris Kharlamoff, collègue de promotion en licence Infocom à l'Institut catholique de Toulouse.

  • Léo

"Un engagement", comme fil rouge de son parcours : l'un des plus jeunes du groupe, un étudiant au regard décidé, avait rejoint Acted en tant que stagiaire en 2019, en parallèle de ses études en école de commerce.

Après un semestre de formation au siège d'Acted à Paris, il venait d'être envoyé en tant que "volontaire", au bureau de l'ONG à Niamey, où il s'était spécialisé en logistique.

"Il devait être diplômé en 2021...Nous sommes endeuillés par cette nouvelle tragique", a déclaré dans un communiqué son école la Business School of Rennes.

One of our students has died in the attack in Niger. He was a volunteer member of @ACTED_Niger. The entire community of Rennes_SB is mourning this tragic news.
We extend our condolences to his family and loved ones in this painful moment.

— Rennes SB (@RennesSB) August 11, 2020
  • Antonin

Normalien, chercheur en économie environnementale et chargé de travaux dirigés dans une université parisienne, ce jeune homme de 26 ans était originaire de Carhaix, en Bretagne. Sur son profil LinkedIn, il affiche son intérêt pour différentes causes humanitaires, en parallèle de ses études de très haut niveau d'économie du développement.

"C'était un jeune homme merveilleux, brillant et très dévoué aux questions de développement économique de pays en difficulté. Il trouvait cela plus épanouissant certainement que la matière économique, même s'il était un excellent universitaire", témoigne auprès de l'AFP son professeur à l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (Insea), Geoffrey L. Barrows.

Christophe Hachon, qui l'a eu comme élève de classe préparatoire au lycée Victor et Hélène Basch de Rennes, se souvient d'un jeune homme qui "passait son temps à aider les autres". "Il n'était pas intéressé par la réussite en soi, mais avait l'idée de faire les choses", dit-il à l'AFP. "Il cherchait à savoir en quoi ce que l'on apprend en prépa peut permettre de construire une société au service des autres".

  • Kadri

Président de l'Association des Guides des Girafes de Kouré, ce Nigérien était un "guide engagé et militant sur la zone girafes de Kouré depuis le début. Il a toujours eu conscience de l'importance à œuvrer pour la sauvegarde des dernières girafes d'Afrique de l'Ouest", a salué son association sur sa page Facebook.

HOMMAGE A NOTRE AMI, NOTRE FRÈRE, Kadri Abdou Président de l’AVEN (Association pour la Valorisation de l’Écotourisme)...

Publiée par Association des guides de girafes de Kouré sur Lundi 10 août 2020

Il était guide depuis vingt-et-un ans, donc depuis l'arrivée des premiers troupeaux de girafes dans la zone. Il avait 51 ans, était marié à deux femmes et père de 13 enfants.

  • Boubacar

Cet employé nigérien d'Acted était le chauffeur du 4X4 pour cette excursion. Selon le Parisien, il était âgé de 50 ans et attendait avec son épouse un cinquième enfant.

Avec AFP