En visite au Liban, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a estimé jeudi que les réformes étaient attendues "depuis trop longtemps" alors que le pays est englué dans une crise économique et espère des aides internationales.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, en visite au Liban, a estimé jeudi 23 juillet que les réformes étaient attendues "depuis trop longtemps" dans ce pays en plein naufrage économique et qui espère obtenir des aides internationales.
Le numéro deux du gouvernement français a été reçu par le président Michel Aoun au palais présidentiel de Baabda, à l'est de Beyrouth. Il s'est ensuite entretenu avec le Premier ministre Hassan Diab avant de rencontrer le chef du Parlement Nabih Berri.
"Des actes concrets sont attendus depuis trop longtemps. Il est aujourd'hui urgent et nécessaire de s'engager de manière concrète dans la voie des réformes, c'est le message que je suis venu transmettre à toutes les autorités libanaises", a martelé M. Le Drian lors d'une conférence de presse avec son homologue libanais Nassif Hitti.
La France à la rescousse du #Liban en faillite. Le MAE, @JY_LeDrian, a adressé depuis #Beyrouth un avertissement à la classe politique libanaise qui s'entre-déchire:
"Il est aujourd'hui urgent et nécessaire de s'engager de manière concrète dans la voie des réformes." pic.twitter.com/MsjO6QnVth
La visite de Jean-Yves Le Drian intervient dans un contexte explosif au Liban, qui vit la pire crise économique de son histoire, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une flambée des prix, des licenciements à grande échelle et des restrictions bancaires sur les retraits et les transferts à l'étranger.
Près de la moitié des Libanais vivent dans la pauvreté et 35 % de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles.
Le ras-le-bol a déclenché en octobre 2019 un soulèvement populaire inédit contre la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence, et quasi inchangée depuis des décennies.
Négociations avec le FMI au point mort
"Les Libanais ont exprimé avec force leurs aspirations légitimes à travers le mouvement de mobilisation populaire engagé en octobre dernier. Ils sont descendus dans la rue pour marquer la soif de changement. Cet appel n'a malheureusement pas été jusqu'ici entendu", a estimé Jean-Yves Le Drian.
Le soulèvement d'octobre avait également eu pour catalyseur des services publics en déliquescence, dans un pays habitué aux coupures d'électricité chroniques et une gestion hiératique des déchets.
Le ministre français a d'ailleurs évoqué la réforme très attendue de l'électricité, y voyant un "chantier emblématique" alors que ce secteur est un véritable gouffre financier pour l'État. "Je peux le dire clairement : ce qui a été fait jusqu'à présent dans ce domaine n'est guère encourageant", a-t-il souligné.
Le petit pays du Moyen-Orient, en défaut de paiement, a adopté un plan de relance fin avril et promis des réformes. Mais les négociations entamées à la mi-mai avec le FMI sont toujours au point mort.
"Nous ne nous faisons pas d'illusions, il n'y a pas d'alternatives à un programme du FMI pour permettre au Liban de sortir de la crise", a estimé le ministre français.
Rétablir la confiance des créanciers
Beyrouth espère obtenir environ 10 milliards de dollars du FMI. Cette aide est cruciale pour les autorités car elle pourrait aider à rétablir la confiance des créanciers. Et permettre de débloquer 11 milliards de dollars promis en 2018 lors d'une conférence de soutien au Liban parrainée par Paris.
Reconnaissant des "obstacles" dans les négociations avec le FMI, M. Diab avait de son côté assuré à Jean-Yves Le Drian qu'ils avaient été dépassés. "Nous sommes déterminés à poursuivre les négociations. Nous espérons l'aide de la France pour les accélérer, car la situation financière au Liban ne peut pas tolérer un retard", a souligné M. Diab, selon des déclarations rapportées par ses services sur Twitter.
Jean-Yves Le Drian doit s'entretenir avec le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï. Vendredi, il se rendra à l'hôpital Rafic Hariri à Beyrouth, principal établissement public mobilisé dans la lutte contre le nouveau coronavirus.
Il tiendra également une réunion sur l'éducation francophone avec les chefs d'établissements des écoles francophones, touchées de plein fouet par la crise économique et menacées pour certaines de fermeture.
Avec AFP