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Le journaliste béninois Ignace Sossou a été libéré, mercredi, après six mois de détention. Il avait été condamné à de la prison ferme pour "harcèlement", après avoir publié sur ses pages Facebook et Twitter des propos attribués au procureur de la République, sur un ton critique du pouvoir. 

Il avait été condamné à six mois de prison ferme. Au Bénin, le journaliste d'investigation Ignace Sossou est sorti de détention, mercredi 24 juin, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je suis un homme libre", a déclaré le journaliste, ajoutant qu'il ne souhaitait pas faire de commentaire sur la procédure. "L'affaire est toujours devant la justice et je ne peux me permettre de me prononcer davantage", a-t-il expliqué.

Libre depuis cet après-midi, le journaliste d'investigation Ignace Sossou a livré ses premiers mots à la presse. Il remercie sa famille l'ensemble des associations, ses amis et ses avocats #Benin @gouvbenin #Haac #Wasexo #CFI #Cenozo #ICIJ #France24 #Africa24 pic.twitter.com/XHn6EIEgUO

— Jean Paul HEMANKPAN (@hemjp30) June 24, 2020

Le journaliste, qui avait été condamné en appel à six mois ferme ferme et six mois avec sursis, avec une amende de 500 000 francs CFA (environ 762 euros), s'est pourvu en cassation. 

"Le combat n'est pas terminé, nous allons le poursuivre", a déclaré son avocat Me Brice Houssou. "Le plus important était qu'il recouvre d'abord sa liberté parce que l'esprit des lois de la République du Bénin, c'est que le journaliste ne doit jamais se retrouver en prison pour ses écrits, ou pour son travail professionnel", a-t-il souligné.

Des propos critiques du gouvernement

Ignace Sossou avait été interpellé le 19 décembre 2019 à son domicile par des éléments de l'Office central de répression de la cybercriminalité, avant d'être placé sous mandat de dépôt fin décembre.

Le journaliste avait posté la veille sur ses pages Facebook et Twitter des propos attribués au procureur de la République Mario Metonou, alors qu'il intervenait lors d'une conférence organisée à Cotonou par l'Agence française de développement médias (CFI, dépendant du ministère français des Affaires étrangères) pour débattre des "fake news".

Ignace Sossou a enfin recouvré sa liberté aujourd'hui, au terme de six mois de détention qui ont suscité l'indignation. https://t.co/LnOHhImDWH #FreeIgnace #Bénin

— CFImedias (@CFImedias) June 24, 2020

Les propos relayés semblaient plutôt critiques de l'attitude du pouvoir béninois vis à vis de la liberté d'expression. "La coupure d'Internet le jour du scrutin (législatif) du 28 avril est un aveu de faiblesse des gouvernants", aurait notamment déclaré le procureur, qui n'a pas publié de démenti par la suite.

Dérive autoritaire

Ignace Sossou travaille pour le média en ligne Bénin Web TV, et collabore avec plusieurs collectifs comme le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et le Réseau 3i (Initiative, Impact, Investigation).

Le président Patrice Talon, élu en avril 2016, est régulièrement accusé d'avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays habituellement salué pour le dynamisme de sa démocratie. Ses principaux opposants vivent actuellement à l'étranger, visés par des affaires de justice au Bénin.

Avec AFP