Jair Bolsonaro a annoncé vendredi qu’il songeait à retirer le Brésil de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en raison, selon lui, "de son parti pris idéologique" dans la crise sanitaire du coronavirus.
Après Donald Trump, c’est au tour du président brésilien Jair Bolsonaro de menacer de quitter l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Après que l'agence des Nations unies a averti les gouvernements latino-américains du risque que représente la levée des mesures de confinement avant d'avoir réussi à ralentir la propagation de l'épidémie de coronavirus dans la région, le chef d’État brésilien a prévenu vendredi 5 juin qu’il pourrait retirer son pays de l’OMS pour protester contre son "parti pris idéologique".
"Je vous le dis ici, les États-Unis sont partis de l'OMS, nous y songeons, à l'avenir (...). Soit l'OMS travaille sans parti pris idéologique, soit nous la quittons aussi. Nous n'avons pas besoin de gens de l'extérieur pour donner leur sentiment sur la santé ici", a-t-il déclaré à la presse à Brasilia.
Le retour de l'hydroxychloroquine
Tout au long de la crise du coronavirus, Jair Bolsonaro a imité Donald Trump en minimisant la gravité de la maladie, en exhortant à maintenir une activité normale, et en vantant l'efficacité d'un traitement qui divise les scientifiques, l'hydroxychloroquine.
S'exprimant sur ce dernier sujet, le président brésilien s'est dit peu étonné qu'une étude dans la revue médicale The Lancet, qui concluait à l'inutilité du traitement, ait été fortement remise en cause puis retirée. Cette rétractation a poussé l'OMS à reprendre les essais cliniques sur la molécule. "Trump leur a retiré l'argent et ils sont revenus sur tout", a commenté Jair Bolsonaro. "La chloroquine est de retour", a-t-il ajouté.
Jeudi, un nouveau record de décès a fait passer le Brésil devant l'Italie en termes de nombre de morts. Cependant, Jair Bolsonaro continue de demander une levée rapide des mesures d'isolement ordonnées, affirmant que le coût économique de l'épidémie est supérieur aux risques sanitaires.
“Une légère grippe”
Dans un éditorial publié en une du journal de Sao Paulo, Folha, le quotidien soulignait que seulement 100 jours se sont écoulés depuis que Jair Bolsonaro a décrit le virus qui "tue un Brésilien par minute" comme "une légère grippe".
"Tandis que vous lisiez cela, un Brésilien est mort du coronavirus", déclare le journal. Les deux pays les plus peuplés d'Amérique latine, le Brésil et le Mexique, voient leurs taux d'infections au coronavirus être bien supérieur à ceux des autres pays de la région.
Vendredi soir, le Brésil a fait état de 1 005 morts supplémentaires et le Mexique en a recensé 625. Au total, le Brésil a recensé plus de 645 000 cas, un nombre que bien des spécialistes considèrent comme largement sous-évalué, faute de tests en nombre suffisant.
Avec AFP et Reuters