Le chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, a accordé un entretien à FRANCE 24, dans lequel il revient sur les événements sanglants de lundi à Conakry et aborde la question de l'élection présidentielle.
Trois jours après les évènements sanglants survenus lundi au stade de Conakry, la capitale de la Guinée, le chef de la junte au pouvoir, Moussa Dadis Camara, revient sur le bilan controversé de la répression de la manifestation organisée par l'opposition pour dire non à une éventuelle candidature à la présidentielle du chef putschiste, en janvier prochain.
"Selon les informations que m'a communiqué le ministre de la Santé, 53 personnes sont mortes d'asphixie lors des bousculades, et quatre à cause de balles perdues", affirme le capitaine Moussa Dadis Camara.
L'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme estime, de son côté, que plus de 150 personnes ont été tuées et plus de 1 200 blessées. L'ONG fait également état de viols et de divers actes de barbarie.
"Les évènements du 28 septembre feront l'objet d'une commission d'enquête nationale et internationale", poursuit-il.
Interrogé sur sa part de responsabilité dans cet évènement, le chef de la junte regrette le manque de discipline de l'armée guinéenne.
"Notre armée n'a jamais été structurée, c'est la seule armée au monde où un caporal ou un sergent peut dire 'merde' à un général", explique-t-il.
Selon lui, des manifestants de l'opposition auraient "saccagé" des postes de police et y auraient pris des "armes de guerre" avant de se rendre au stade de Conakry. Ces évènements ont alors conduit certains militaires à se rendre sur place de leur propre chef avant de se livrer à une violente répression, ce que le capitaine Camara "regrette".
"Personne ne peut maîtriser cette armée"
Interrogé sur l'élection présidentielle prévue en janvier 2010, l'homme fort du pays estime que le scrutin est menacé par des opposants "extrémistes".
"Rien ne sert d'organiser des élections libres et transparentes dans ce pays s'il y a ce clan qui tend vers l'extrémisme", déclare Camara. Ce seraient ces "fanatiques" qui, selon le chef de la junte, auraient conduit cette foule au stade afin qu'il y ait des accrochages avec l'armée et que la communauté internationale s'insurge.
Enfin, le capitaine Camara ne se prive pas de lancer un message à l'opposition, laissant entendre qu'il est le seul à pouvoir contrôler les militaires.
"Personne ne peut maîtriser cette armée. Les civils ne peuvent pas maîtriser cette armée", affirme-t-il.