Le déconfinement progressif qui a débuté en France, lundi, laissait craindre une forte affluence sur la ligne 13 de métro, l'une des plus fréquentées de Paris habituellement. Reportage à la station Mairie de Saint-Ouen.
Quelque 650 000 voyageurs quotidiens, 131 millions à l'année et une ligne surchargée : les conditions habituelles de trafic sur la ligne 13 du métro avaient de quoi préoccuper, lundi 11 mai, à l'heure du déconfinement progressif et du respect nécessaire des gestes barrières dans les transports en commun. Et pourtant, ce matin, il n'y a pas foule aux entrées de Mairie de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), une station aux portes de Paris habituellement très fréquentée pendant les heures de pointe.
"Je suis là depuis 7 heures. Il n'y a pas d'affluence particulière, c'est une fréquentation très modérée pour une heure de pointe", explique Radija, 50 ans, une réserviste bénévole qui distribue des masques aux usagers. "On s'attendait à voir un peu plus de personnes aller au travail, mais apparemment elles sont moins nombreuses que prévu : en une heure et demi, on a dû avoir entre une trentaine et une cinquantaine de personnes qui sont passées."
8h15. Il n'y a pas foule à l'entrée de la station mairie de Saint-Ouen (ligne 13) pour une heure de forte affluence habituellement #deconfinementjour1 pic.twitter.com/xJ00ku3Nae
— Jean-Luc Mounier (@mounierjl) May 11, 2020Pour ce début de semaine particulier, le parvis de la mairie audonienne, largement vide, a les apparences d'une ville encore endormie ou d'un dimanche calme. On croise quelques passants, qui portent majoritairement un masque chirurgical ou en tissu. Certains s'engouffrent dans la station, d'autres attendent un bus, tandis que la chaussée habituellement chargée est le théâtre d'une timide reprise du trafic routier.
Émilie, 38 ans, va travailler aujourd'hui comme la plupart des usagers interrogés lundi. "J'ai repris le travail il y a trois semaines, je n'ai pas d'appréhension particulière aujourd'hui", explique celle qui est chargée d'étude en milieu bancaire. "Je prends les transports en commun parce que je n'ai pas le choix, je ne suis pas véhiculée." Elle ne redoute pas la promiscuité de la ligne 13 car, dit-elle, "les gens respectent beaucoup moins les distances dans les supermarchés que dans les transports collectifs que je prends".
"La distanciation sociale va marcher en fonction des lignes"
Les premières images du jour laissaient craindre une distanciation sociale impossible à tenir entre les voyageurs qui fréquentent la ligne. Des personnes devaient se rendre tôt sur leur lieu de travail, elles se sont retrouvées en nombre dans les mêmes rames à cause d'un retard de métro provoqué par "des infiltrations d'eaux aux stations Carrefour Pleyel et Mairie de Saint-Ouen", selon la RATP. La société de transports en commun a précisé, dès 7h19, que "l'incident (était) terminé".
C'est aussi le constat que fait Murielle, 56 ans, qui a emprunté la ligne un peu plus tard à l'heure de pointe. "Dans les transports, il y a assez de place en fait aujourd'hui", note cette aide-soignante venue de Saint-Denis jusqu'à Saint-Ouen, et qui a poursuivi son activité pendant le confinement. "C'est bien réparti dans les rames, il y a bien un siège sur deux de vide, même un peu plus d'ailleurs. Les conditions de transports étaient correctes, on verra ce soir au retour."
La régie des transports n'a, quant à elle, pas lésiné sur les différents marquages pour rappeler aux usagers les gestes barrières : à l'entrée de la station de métro, "Pour notre santé à tous, portons un masque" ; avant les tourniquets "Pour notre santé à tous, gardons nos distances" et dans les rames ; sur plusieurs sièges, "Pour notre santé à tous, laissons ce siège libre".
"Pour notre santé à tous, portons un masque", "Pour notre santé à tous, gardons nos distances"... Plusieurs marquages incitent les usagers du métro à respecter les gestes barrières #deconfinementjour1 pic.twitter.com/0UH8QLjVkn
— Jean-Luc Mounier (@mounierjl) May 11, 2020Cela suffira-t-il pour que les voyageurs gardent entre eux une distance d'un mètre minimum ? Pour Gaetan, un pompier âgé de 25 ans qui se rend à son travail aujourd'hui en transports, comme depuis le début du confinement, "la distanciation sociale va marcher en fonction des lignes." Et il ajoute : "Mais après si les personnes prennent les transports inutilement, et comme la 13 est surchargée toute l'année, on se retrouvera tassés dans le métro, comme toujours, même avec des mesures de distanciation sociale."
À l'extérieur de la station, des policiers déployés pour gérer les flux de voyageurs – comme le voulaient les principales sociétés de transport – font des allées et venues entre les différentes entrées du métro. Ce matin, il n'y a pas foule à Mairie de Saint-Ouen.