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France : "un reconfinement en urgence doit être anticipé", prévient Jean Castex

Dans un rapport publié lundi, le haut fonctionnaire Jean Castex invite à  envisager "l'éventualité d'un reconfinement en urgence", si une résurgence des cas de Covid-19 survient en France. Jean Castex avait participé à l'élaboration de la stratégie du déconfinement, qui a débuté lundi dans le pays. 

"Un reconfinement en urgence doit être anticipé", prévient dans son rapport sur le déconfinement publié lundi 11 mai le haut fonctionnaire Jean Castex, en appelant à préserver la "réversibilité des mesures" en cas de résurgence de l'épidémie de coronavirus.

"En l'absence, à brève échéance, de vaccin ou de solution curative, la population française demeure vulnérable à une reprise de l'épidémie", souligne dans un document de 68 pages Jean Castex, qui avait été chargé par le Premier ministre de coordonner la stratégie du déconfinement commencé lundi.

Les "effets" d'un tel regain "seraient particulièrement dommageables pour une société déjà éprouvée et, plus particulièrement, pour le personnel soignant", prévient encore Jean Castex, dont les travaux ont guidé les choix du gouvernement en matière de déconfinement à l'école, dans les transports ou encore dans les entreprises. 

Redoubler de vigilance pendant le déconfinement

Dans ce rapport rendu public lundi, le haut fonctionnaire et maire de Prades, ville située dans les Pyrénées-Orientales, insiste sur le "niveau très élevé de vigilance" qui doit être observé dans cette première étape du déconfinement.

"La possibilité d'une réversibilité des mesures doit ainsi toujours pouvoir être offerte et l'éventualité d'un reconfinement en urgence doit rester dans les esprits et être anticipée par les pouvoirs publics", exhorte-t-il. 

Par exemple, Jean Castex recommande un "désarmement" très "progressif" des lits de réanimation à l'hôpital, dont la capacité avait été augmentée durant la crise. Et leur réouverture doit pouvoir s'effectuer "très rapidement [dans des délais de 24, 48 ou 72 heures selon les lits] pour faire face à un nouvel afflux de patients".

De même, si les déplacements sont de nouveau permis dans certaines conditions, "les préfets pourront rétablir localement des limitations" à tout moment.

Des suggestions en cas de nouveau confinement 

En cas de reconfinement, Jean Castex appelle d'ores et déjà à "prévoir des dispositifs d'accompagnement sociaux et économiques de la nature de ceux mis en place durant la période de confinement", mais aussi à "mieux prévenir les risques psycho-sociaux du confinement, aujourd'hui mieux connus".

"Nous sommes sur la phase 1 du #déconfinement. Nous prenons des mesures qui restent contraignantes mais c'est un dispositif progressif qui nous permettra d'observer, sur 3 semaines, ce qu'il se passe et en tirer un bilan pour déterminer la prochaine étape." @JeanCASTEX#COVID19 pic.twitter.com/5y93FRUkl7

— Sénat (@Senat) May 6, 2020

En attendant l'ouverture "début juin" d'une "deuxième phase, en fonction de l'évolution de l'épidémie", Jean Castex insiste sur "l'implication" des Français qui "respecteront les gestes barrières et les mesures de distanciation, se mobiliseront pour fabriquer des masques et s'appliqueront à les porter le plus possible".

L'État devrait de son côté "rationaliser" son dispositif en "fusionnant" les différentes cellules de crise existantes. Jean Castex suggère également que soit organisée une "consultation citoyenne" sur le déconfinement, un point auquel l'exécutif n'a pas encore donné suite.

"Recours massif au télétravail"

Il demande aussi à ce que "les entreprises et les administrations poursuivent et encouragent un recours massif au télétravail au moins jusqu'à fin du mois de juin", afin de limiter l'usage des transports en commun et des interactions au travail.

"Le maintien des restrictions d'entrée aux frontières extérieures de l'espace européen est nécessaire pour éviter une nouvelle épidémie", plaide encore Jean Castex, en notant que "ce risque […] se réalise dans plusieurs États étrangers, qui se préparaient pourtant à une levée progressive des mesures de confinement".

À la tête d'une équipe de 18 personnes, Jean Castex souligne avoir multiplié des "contacts directs" avec des "homologues" dans plusieurs pays européens. "Ils m'ont permis de constater que je n'étais pas le seul à douter et à m'interroger face à la complexité de la situation", glisse-t-il.

Avec AFP