logo

En raison de la pandémie de coronavirus, les commémorations grandioses prévues à Moscou pour les 75 ans de la capitulation allemande n'ont pas eu lieu. "Unie, la Russie est invincible", a cependant proclamé le président Vladimir Poutine lors d'une cérémonie à minima. 

En conviant de nombreux chefs d'État du monde entier, dont son homologue français Emmanuel Macron, le président russe Vladimir Poutine avait imaginé une cérémonie exceptionnelle, une ode à la puissance retrouvée de son pays et à ses propres succès géopolitiques. Mais la pandémie de Covid-19 aura finalement eu raison des commémorations des 75 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

La Russie a célébré samedi 9 mai sans leur faste habituel la victoire sur l'Allemagne nazie en 1945, dans une atmosphère plombée par la pandémie de coronavirus qui continue dans le pays. Pas de défilé militaire sur la place Rouge, pas de parterre de dirigeants étrangers entourant Vladimir Poutine, mais toujours environ 10 000 nouveaux malades du Covid-19 enregistrés chaque jour.

Un report de la cérémonie

Unie, la Russie est "invincible", a toutefois proclamé Vladimir Poutine.  "Nous savons et nous avons fermement la foi d'être invincibles lorsque nous sommes unis", a dit le président russe, dans un bref discours prononcé devant la flamme du soldat inconnu, à l'ombre du Kremlin.

Dans cette allocution sobre, le chef de l'État n'a fait aucune référence directe à l'épidémie. Il a promis une nouvelle fois, sans évoquer le coronavirus, que le pays marquera à une date ultérieure "de manière appropriée" la victoire face aux nazis.  

Vladimir Poutine a rendu hommage aux quelque 27 millions de morts soviétiques de la Seconde Guerre mondiale et aux vétérans de celle-ci.  "Ils ont sauvé la patrie, la vie des générations suivantes, ont libéré l'Europe, défendu le monde" , a-t-il dit. "Nos vétérans ont combattu pour la vie contre la mort, leur solidarité et leur détermination, resteront à jamais un modèle pour nous".

"Nous nous inclinons à la mémoire de ceux qui ne sont pas revenus de la guerre", a-t-il ajouté, avant de respecter une minute de silence. Avant ce bref discours, il a posé un genou à terre face à la flamme du soldat inconnu, dans les jardins d'Alexandre, au pied des murs rouges du Kremlin, y déposant un bouquet de roses rouges. Autour de lui, des soldats en uniformes d'apparat se tenaient au garde à vous, à bonne distance du président russe, qui est confiné dans sa résidence en banlieue de Moscou depuis plusieurs semaines.

Seul le volet aérien du défilé militaire traditionnel du 9 mai a été maintenu. Des dizaines d'avions de chasse, de reconnaissance, de ravitaillement et des hélicoptères ont survolé Moscou. Au-dessus de la place Rouge, une escadrille a dessiné avec ses fumigènes le drapeau russe - blanc bleu rouge - dans le ciel de la capitale.   

Un défilé politique

Le président avait déjà dû reporter sine die un autre évènement qui lui tenait à cœur : le référendum constitutionnel devant lui ouvrir la voie à un possible maintien au pouvoir jusqu'en 2036. Vladimir Poutine a depuis des années fait du rôle de l'URSS dans la défaite nazie le cœur d'un discours de puissance et de prestige. Cela a provoqué une bataille de mémoire avec les Occidentaux, Moscou accusant Européens et Américains de minimiser le rôle soviétique dans la guerre.

Le 9 mai, avec son grandiose défilé d'armements, symbolise aussi la politique étrangère offensive de président russe qui a orchestré ces dernières années le retour de la Russie sur la scène internationale.

Si la Russie a annulé sa parade militaire, ce n'est pas le cas de tous ses alliés : la Biélorussie, dont le président Loukachenko dénonce régulièrement la "psychose" du coronavirus, l'a maintenue, tout comme le Turkménistan, officiellement épargné par l'épidémie, qui l'organise pour la première fois.

Avec AFP