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D'Aline aux Paradis perdus : les plus grands succès de Christophe

Le chanteur Christophe est décédé jeudi à Brest à l'âge de 74 ans. France 24 vous propose de revivre en musique la carrière cet artiste inclassable, qui a su naviguer entre succès populaires et titres avant-gardistes.

Définir Christophe à quelques succès serait fort réducteur tant le musicien expérimental a signé une discographie fleuve. Au début des années 1960, cet admirateur de George Brassens, qui découvre Elvis et le blues de Johnny Lee Hooker, fonde son premier groupe, Danny Baby et les Hooligans, et enregistre son premier disque pour le Golf-Drouot, incontournable club parisien. Mais "Reviens Sophie" est un flop.

C'est en criant "Aline" pour "qu'elle revienne" en 1965, que l'artiste âgé alors de 20 ans franchit les portes du succès. Le slow de l'été est numéro un en France, en Espagne, en Belgique, en Turquie et au Brésil, dépassant le million de disques vendus. Le petit nouveau, qui se fait alors appeler Christophe (son vrai nom étant Daniel Bevilacqua), entre dans la cour des icônes du yéyé.

Un autre succès fait partie de ce premier album : "Les Marionnettes". "Mario", comme l'appellera Christophe, a été écrite en juillet 1965 lors d'une nuit d'été alors qu'il est pris dans une crise de claustrophobie. Le tube sera aussi numéro un en France et en Belgique.

Il faut ensuite attendre les années 70, et un léger passage à vide, pour que le passionné des grosses cylindrées renoue avec le succès musical. Son producteur lui adjoint les services d'un parolier : Jean-Michel Jarre. Avec lui, le chanteur aux cheveux mi-longs - et désormais moustachu - signe l'album "Les Paradis perdus" (1973). C'est un disque référence pour l'artiste, qui mêle son univers mélancolique à l'influence du rock anglo-saxon de l'époque. Le titre a fait l’objet de multiples adaptations, notamment par Christine and the Queens.

Le duo Christophe - Jarre fonctionne et le succès est toujours au rendez-vous, un an plus tard, avec l'album "Les Mots bleus" (1974), dont le premier titre porte le nom. Avec "les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux", l'artiste joue les romantiques porté par l'émotion de la basse et de la guitare électrique. Ce slow l'inscrit dans le paysage musical français des seventies.

Dans "Le Dernier des Bevilacqua", premier opus de l'album, Christophe revient sur le poker, une de ses passions, au point qu'il possédait une table chez lui. "Il faut être un peu flambeur pour faire ce qu'on fait, c'est pas du sûr tout le temps", disait-il à l'AFP en décembre 2019.

Après ces deux indémodables succès, la sortie de son sixième album Samouraï (1976) passe relativement inaperçue. Son public n'est pas au rendez-vous de ses expérimentations avec sa voix androgyne. Il est accompagné de Boris Bergman sur les textes. Sauf pour "Merci John d'être venu" dédiée à John Lennon qu'il a lui-même écrite.

L'album pop-rock "Le Beau Bizarre", aux textes signés de Bob Decout, n'a pas la réussite des précédents mais lui vaut les louanges de la critique.

En 1983, son troisième plus gros succès est à nouveau une ballade, "Succès Fou", dont il vend quelque 600 000 copies.

Après être resté éloigné des salles de concert pendant plus de dix ans, l'artiste, qui se définit "ni chanteur, ni musicien, mais autodidacte" revient avec "Aimer ce que nous sommes" (2008). Il mise sur des duos improbables, comme avec l'actrice Isabelle Adjani dans "Wo Wo Wo Wo" ou l'écrivain Florian Zeller et l'actrice Sara Forestier. Le journal Les Inrockuptibles compare l'album à un "bloc éblouissant de musique, de poésie et de cinéma fusionnés". Les titres "Parle lui de moi", "Lita" et "Tandis que" sont des succès.

Le noctambule de 70 ans signe son retour en 2016 avec un joli album pop intitulé "Les vestiges du chaos". Il fait une nouvelle fois appel à Jean-Michel Jarre pour l'écriture du texte de la chanson éponyme. L'émouvante balade "Dangereuse" marque les esprits avec le clip, le premier de sa carrière, dans lequel il met en scène sa muse Sara Forestier.

En décembre 2019, il résumait ainsi sa carrière ainsi : "Je connais mes hauts et mes bas, j'ai eu des beaux bas".