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Amazon ferme ses sites en France pour cinq jours

Amazon, sommé par la justice de limiter ses livraisons aux seuls produits essentiels sous peine d'amende, a annoncé la fermeture de ses sites français à partir de jeudi et jusqu'à lundi inclus, pour nettoyer ses entrepôts et évaluer les risques face au Covid-19.

Après la décision l'intimant de se retreindre aux livraisons de produits essentiels, Amazon a annoncé mercredi 15 avril la fermeture de ses sites français à partir de jeudi et jusqu'à lundi inclus.

"Nous devons suspendre temporairement les activités dans nos centres de distribution en France", a indiqué la direction de l'entreprise dans un communiqué.

Selon Emilien Williatte, délégué CGT, le comité social et économique (CSE) d'Amazon a voté en faveur de la fermeture de tous les sites pendant cinq jours, à partir de jeudi 13 h, "officiellement pour nettoyer les sites et évaluer les risques".

Les salariés et intérimaires (près de 1 000 personnes) seront payés à 100 % pendant cette période de cinq jours selon la direction, qui précise que le recours au chômage partiel "a été évoqué", mais que ses "modalités d'application n'ont pas été définies".

"Obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés"

"La fermeture des entrepôts, c'est ce que nous avions demandé au tribunal à titre principal", a rappelé le syndicat SUD, à l'origine de la plainte devant le tribunal judiciaire de Nanterre.  

"Nous serons attentifs au maintien de la rémunération des salariés et nous avons des propositions à défendre : l'obligation de port du masque, la suppression de la prise de température qui occasionne des queues potentiellement dangereuses, un observatoire des cas de Covid-19 dans le groupe, le respect du droit de retrait", a indiqué à l'AFP Laurent Degousée de SUD Commerce.

Le tribunal judiciaire de Nanterre avait jugé mardi qu'Amazon avait "de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés" et lui ordonnait en conséquence de conduire une évaluation des risques avec les représentants du personnel, et entre-temps de se limiter aux seuls "produits alimentaires, de produits d'hygiène et de produits médicaux", sous astreinte d'un million d'euros d'amende par jour de retard et par infraction constatée.

La décision rendue hier par le tribunal judiciaire de Nanterre nous laisse perplexes compte tenu des preuves concrètes qui ont été apportées sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger nos employés.

— AmazonNewsFR (@AmazonNewsFR) April 15, 2020

Amazon "perplexe" face à ce jugement

Le groupe s'était dit "perplexe" mercredi matin face à ce jugement, compte tenu des mesures de sécurité déjà mises en oeuvre (contrôles de température, masques, distanciation sociale...), et avait annoncé faire appel. Mais la décision étant de droit exécutoire, l'appel n'est pas suspensif et la décision devait s'appliquer dès jeudi.

Amazon a estimé qu'il lui était impossible de limiter ses livraisons aux seuls produits essentiels dans les 24 heures, comme le demandait le tribunal, sans prendre le risque de livrer "accidentellement" un produit non essentiel et encourir l'amende prévue d'un million par infraction.

"Qu'est-ce qu'une infraction ? Nous avons un catalogue de 250 millions de références, comment applique-t-on concrètement la notification de façon opérationnelle en termes de risque ?", interroge une porte-parole du groupe. "Un coupe-ongles, un gel démêlant entrent-ils dans la définition du produit essentiel ?" cite-t-elle en exemple.

En clair, face au risque d'être mis à l'amende, Amazon préfère fermer, au moins provisoirement, ses sites. 

Avec AFP