logo

En Inde, le matriarcat des Khasis craint de disparaître

Dans la province indienne du Meghalaya, les Khasis sont l'une des rares sociétés matriarcales au monde. Un endroit improbable où ce sont les hommes qui exigent la parité et qui revendiquent de ne pas être discriminés. Reportage.

Chez les Khasis, les enfants prennent le nom de famille de leur mère, l'homme doit s'installer dans la maison de sa belle-mère après le mariage et c'est la fille aînée qui hérite des terres. Cette tribu de près d'1,3 million de personnes vivant dans l'état du Meghalaya, dans le nord-est de l'Inde fait figure d'exception. C'est la seule société matrilinéaire dans le pays et une des 500 dernières au monde.

"Dans beaucoup d'endroits en Inde, les femmes dépendent des hommes et de leur revenu pour vivre. Nous, les femmes Khasi, on est responsable de l'argent dans la famille. Même quand l'homme travaille, il doit donner ce qu'il gagne et c'est la femme qui gère les dépenses", explique Rikynti Syem, Khasi et membre d'une coopérative de tissage gérée par huit femmes.

Mais si la tradition a survécu chez ces femmes qui n'ont jamais quitté la communauté, selon certains anthropologues, les nouvelles générations pourraient la voir disparaître. En quittant la région pour trouver un emploi et se marier avec des non-Khasis, elles brisent cet héritage matriarcal.

Ce n'est pas la seule menace : un mouvement de libération des hommes multiplie les réunions et pressions sur les autorités pour établir une société patrilinéaire. Leur but : abolir ce qu'ils considèrent être des privilèges faits aux femmes. À peine une poignée en 1990, ils seraient aujourd'hui près de 30 000 militants.