
Le ministre de l'Intérieur turc est attendu au passage de Pazarkule à la frontière entre la Grèce et la Turquie. Six jours après l'ouverture de cette frontière par Ankara, le sort des dizaines de milliers de migrants présents est encore en suspens.
À la frontière entre la Grèce et la Turquie, la situation reste tendue, six jours après l'ouverture de la frontière par Ankara. Des heurts éclatent sporadiquement entre réfugiés et policiers à cette frontière où des dizaines de milliers de personnes ont afflué, réveillant en Europe la peur d'une crise migratoire similaire à celle de 2015. Des exilés qui sont les otages du bras de fer que se livrent le président turc Recep Tayyip Erdogan et l'Europe.
"Il y a une bataille de l'image autour des migrants", explique l'envoyé spécial de France 24, Bilal Tarabey, qui narre les retrouvailles organisées devant la caméra d'un père et sa fille par les autorités turques.
Chaque camp essaie d'imposer sa narration des tensions dans la zone. Le gouvernorat d'Edirne (dans le nord-ouest de la Turquie) a ainsi affirmé dans un communiqué que six migrants qui tentaient de traverser à Pazarkule avaient été blessés par des tirs grecs. L'un d'eux aurait succombé à ses blessures à la poitrine.
En retour, Athènes a accusé Ankara de propager de "fausses informations", a "catégoriquement démenti" et affirmé que des policiers turcs avaient tiré des grenades lacrymogènes contre les policiers grecs à Pazarkule.
Erdogan réclame un soutien européen
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi 4 mars qu'une résolution de la crise migratoire passait par un soutien européen à Ankara en Syrie.
"Si les pays européens veulent régler le problème, alors ils doivent apporter leur soutien aux solutions politiques et humanitaires turques en Syrie", a déclaré mercredi Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours à Ankara.
Les ministres de l'Intérieur de l'UE, réunis en urgence à Bruxelles, ont répliqué mercredi soir : renouvelant son soutien à la Grèce, l'Union "rejette fermement l'usage par la Turquie de la pression migratoire à des fins politiques", qui a créé une situation qui n'est "pas acceptable" aux "frontières extérieures de l'UE", selon un communiqué commun.
Face à ce nouvel afflux, plusieurs dirigeants européens avaient déjà dénoncé un "chantage" d'Ankara qui, aux termes d'un accord conclu avec Bruxelles en 2016, s'était engagé à lutter contre les passages illégaux, en échange notamment d'une aide financière. Les ministres de l'Intérieur ont d'ailleurs appelé la Turquie "à mettre totalement en œuvre les dispositions" de cet accord.
Dans son discours mercredi, Recep Tayyip Erdogan a accusé les Européens de "piétiner" les droits humains en "battant, coulant les embarcations et même en tirant" sur les migrants qui cherchent à se rendre en Europe.
La décision prise par Ankara d'ouvrir ses frontières intervient au moment où la Turquie cherche à obtenir un appui occidental en Syrie, alors qu'elle mène une offensive et qu'elle est confrontée à un afflux de déplacés.
L'offensive que mène depuis décembre le régime syrien à Idleb, dernier bastion rebelle et jihadiste dans le nord-ouest de la Syrie, a en effet provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d'un million de personnes déplacées vers la frontière turque.
Avec AFP