
À la une de la presse, ce lundi 2 mars, la décision du gouvernement français de recourir à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer sa réforme des retraites en évitant un vote de l’Assemblée nationale, le bras de fer entre le régime syrien et la Turquie, qui menace l'UE d'ouvrir les portes aux réfugiés, et les électeurs israéliens appelés aux urnes pour la troisième fois en moins d'un an.
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À la une de la presse française, la décision, samedi 29 février, du gouvernement de recourir à l'article 49-3 pour faire adopter par l'Assemblée nationale la réforme des retraites.
En choisissant de passer en force, le Premier ministre Édouard Philippe offusque les syndicats et l'opposition, d'après Le Figaro, qui rapporte que la gauche et la droite ont déposé chacune, dès samedi soir, une motion de censure contre son gouvernement. Deux motions qui devraient être débattues mardi, mais qui n'ont aucune chance d'aboutir a priori, puisque La République en marche détient à elle seule la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Si Le Figaro juge que "le Premier ministre a eu raison d'écourter le premier acte de cette bataille de chiffonniers" à laquelle la réforme des retraites a donné lieu, selon lui, le quotidien estime que "la mère de toutes les réformes (...) exigeait une préparation plus sérieuse et plus rigoureuse" : "On ne change pas un système vieux de plus de 70 ans en improvisant son successeur sur un coin de table", regrette le journal, en accusant la majorité d'avoir eu "les yeux plus gros que le ventre". Même critique pour L'Opinion, qui voit dans "la précipitation" du gouvernement "un renoncement à répondre sur les ambiguïtés du texte" et "dans (sa) fuite en avant, un danger d'entretenir une fronde sociale d'ici le vote final" et de "nourrir la défiance : comment imaginer que la réforme la plus structurante du quinquennat soit adoptée sans vote, et dans un tel chaos ?". "Avec le recours au 49-3, l'exécutif passe en force, quitte à perdre gros aux élections municipales", dont le premier tour a lieu dans moins de 15 jours, prévient 20 Minutes, qui annonce lui aussi une possible "nouvelle période de tensions" dans les jours qui viennent et la tenue, dès ce lundi, d'une réunion de l'intersyndicale pour discuter d'une mobilisation "cette semaine".
Le recours au 49-3 alimente les critiques sur le "côté autoritaire" d'Emmanuel Macron. "Manu militari" : d'après Libération, "si ce recours au 49-3 vient parapher les difficultés rencontrées par (le président) dans la première moitié de son quinquennat, il tue (aussi) dans l'œuf le storytelling en cours sur le Macron new look censé aborder la seconde moitié de son mandat. On nous avait promis un président plus à l'écoute, moins jupitérien. Il dégaine le 49-3. Gare à la contradiction", ironise le journal. "Inacceptable", "coup d'État social" : pour L'Humanité, "la démocratie elle-même va durement souffrir" du choix du gouvernement, accusé de chercher à détruire la Sécurité sociale, sans laquelle "il n'y a pas d'unité véritable de notre République".
À la une également, l'escalade des tensions entre la Turquie et le régime syrien. Après la mort, la semaine dernière, de 34 soldats turcs dans des frappes du régime de Bachar al-Assad, la Turquie a confirmé le lancement d'une offensive militaire d'envergure à Idleb, où deux avions de combat syriens ont été abattus dimanche, sans que la Russie intervienne : "Sous le regard passif de Moscou, Ankara assène une leçon à Damas", titre le journal libanais L'Orien-Le Jour. En intervenant militairement dans le nord-ouest de la Syrie, la Turquie dit vouloir s'opposer à une nouvelle grande vague migratoire, alors qu'elle accueille déjà plus de 3,5 millions de réfugiés. Et pour faire pression sur l'Union européenne, le président Recep Tayip Erdogan déclare laisser partir les migrants vers l'Europe, annonce The Independent. The Financial Times évoque "une situation constituant un test pour l'accord conclu par l'UE avec la Turquie en 2016" – un accord qui limitait le flot de clandestins et demandeurs d'asile en Grèce, en échange de financements européens. L'annonce du président turc a provoqué l'afflux immédiat de plus de 10 000 migrants à la frontière grecque, où des heurts les ont opposés aux forces de l'ordre, selon le journal suisse Le Temps. L'attitude de la Grèce et de l'Union européenne vis-à-vis des migrants inspire un dessin à Hajej, pour le quotidien panarabe de Londres Al Araby Al Jadeed, qui montre l'Europe le visage recouvert d'un panneau stop, semblables aux masques utilisés contre le coronavirus.
En Israël, les électeurs sont de nouveau appelés aux urnes pour la troisième fois en moins d'un an. Ces nouvelles élections permettront-elles de départager enfin le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, actuellement mis en examen pour des faits de corruption présumés, et son principal rival, Benny Gantz ? Le Jerusalem Post en doute et prédit déjà un possible nouveau blocage, voire un quatrième scrutin. "Ces élections sans fin rendent Israël incapable de prendre des décisions cruciales", regrette le Yediot Aharonot, inquiet, notamment, de voir le gouvernement "incapable de faire voter le budget, ce qui a pour conséquence de provoquer des coupes drastiques dans les services publics, au détriment de la population". Une situation dont le journal Haaretz rend totalement responsable Benjamin Netanyahu, qu'il accuse de distiller "une culture de haine" dans son pays et de s'accrocher coûte que coûte au pouvoir, pour échapper à la justice.
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