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Enquête sur les abus de biens sociaux de Carlos Ghosn : Renault se constitue partie civile

Le constructeur automobile français Renault a annoncé, lundi, qu'il se constituait partie civile dans le cadre de l'enquête judiciaire en France pour abus de biens sociaux visant son ex-patron Carlos Ghosn.

Renault a annoncé, lundi 24 février, s'être constitué partie civile et se réserver la possibilité de solliciter des dommages et intérêts, après l'ouverture d'une information judiciaire visant entre autres Carlos Ghosn sur l'organisation de deux soirées au château de Versailles.

Le parquet de Nanterre a annoncé le 19 février l'ouverture d'une information judiciaire, notamment pour abus de biens sociaux, afin de déterminer, entre autres, si Carlos Ghosn avait en connaissance de cause utilisé les ressources du groupe automobile à des fins privées. L'ancien patron de Renault-Nissan rejette ces soupçons.

"Quand on voit qu'il y a un litige portant sur des fonds dus par Renault à Carlos Ghosn (dans une procédure distincte, ce dernier réclame notamment à son ancien employeur le versement d'une indemnité de départ à la retraite de 250 000 euros NDLR), on peut se dire que c'est un peu peut-être une façon de rééquilibrer les choses, la réponse du berger à la bergère. Est-ce que c'est pour autant prouvé ? On verra", a réagi lundi l'avocat de l'ex-patron de Renault, Jean-Yves Le Borgne.

L'annonce de Renault de se constituer partie civile correspond "à une sorte de comportement qui n'est pas nouveau", a-t-il encore jugé, ajoutant qu'il en percevait "le caractère accusatoire".

Deux soirées dans le viseur

L'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan est soupçonné d'avoir organisé deux soirées d'ordre privé au château de Versailles, en échange d'une convention de mécénat signée entre la marque au losange et l'établissement qui gère le château.

La justice soupçonne une première fête à Versailles, organisée le 9 mars 2014, d'avoir eu lieu en l'honneur des 60 ans du patron déchu et non pour célébrer les quinze ans de l'alliance Renault-Nissan. Les images de cette soirée fastueuse à 530 000 euros avec musiciens, figurants en costumes d'époque et feu d'artifice, avaient fait polémique lorsqu'elles avaient été révélées par le site de L'Obs.

D'après un audit interne commandé par Renault, 94 des 154 invités à ce banquet supervisé par le chef Alain Ducasse étaient des proches de l'homme d'affaires (enfants, soeurs, cousins, amis...), essentiellement d'origine libanaise.

L'autre soirée dans le viseur de la justice est la location du Grand Trianon, dans le parc du château, pour l'organisation en octobre 2016 de son mariage avec Carole Ghosn, une prestation évaluée à 50 000 euros.

Une autre information judiciaire est en cours, à Paris, pour des faits d'"abus de biens sociaux" et de "corruption passive". Elle porte sur des contrats signés par RNBV, la filiale néerlandaise à 50-50 entre Nissan et Renault censée incarner l'alliance, lorsque Carlos Ghosn en était le PDG. La candidate à la mairie de Paris Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer ont touché environ un million d'euros chacun pour des missions de conseil dont aucune trace n'a été retrouvée.

Carlos Ghosn fait aussi l'objet de quatre inculpations par la justice japonaise, notamment pour abus de confiance et détournements de fonds. Il y a quelques jours, Nissan annonçait porter plainte devant un tribunal civil au Japon pour lui réclamer 83,4 millions d'euros de dommages et intérêts. Carlos Ghosn poursuit lui-même le constructeur automobile nippon pour rupture abusive de son contrat.

L’ancien PDG de Renault s'est enfui au Liban fin décembre, alors qu'il avait été libéré sous caution et préparait son procès au Japon où il avait été arrêté en novembre 2018.

Avec Reuters