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Sarkozy refuse de céder au "chantage" de l'Iran

Alors que Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que la libération de Clotilde Reiss dépendait du sort d'Iraniens détenus en France, le président français a répondu qu'il n'échangera pas "l’assassin de Chapour Bakhtiar" contre une "innocente".

Les relations franco-iraniennes, particulièrement tendues après l’arrestation et l’emprisonnement de l’universitaire française Clotilde Reiss, ne vont pas en s’améliorant.

Mercredi, lors d’un entretien à France 2 et TF1 depuis New York où il participait à l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, le président français Nicolas Sarkozy a assuré que la France ne cèderait pas au "chantage" de l’Iran.

 


"L’agence officielle Irna a parlé d’une ‘intervention précipitée’ [de Nicolas Sarkozy] , rapporte Siavosh Ghazi, correspondant de France 24 en Iran. Mais les autorités iraniennes n’ont pas encore officiellement réagi".

Mardi au cours d’une interview accordée à la télévision française, son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad avait évoqué une éventuelle libération de Clotilde Reiss en échange de la remise en liberté de deux iraniens détenus en France.

L’un des détenus auquel le président iranien a fait référence est Ali Vakili Rad, l’assassin de l’ex-Premier ministre iranien Chapour Bakhtiar, emprisonné en France depuis 18 ans. L’homme, aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années, faisait partie du commando qui, en août 1991, a égorgé l’ancien Premier ministre et son secrétaire, à son domicile de Suresnes, en région parisienne.

Ali Valiki Rad a été arrêté quelques jours plus tard en Suisse, et condamné à une peine de prison à perpétuité en 1994. Ses deux complices ont réussi à fuir vers l’Iran et n’ont jamais été arrêtés. La justice française étudie actuellement la demande de libération conditionnelle vers l’Iran déposée par l’avocat d’Ali Valiki Rad en août dernier.

L’autre détenu qu’a évoqué Mahmoud Ahmadinejad a, lui, un casier judiciaire moins lourd. Majid Kakavand, sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par les Etats-Unis, a été arrêté à l’aéroport de Roissy en mars 2009. Il est accusé d’avoir acheté sur Internet, et via une société écran, du matériel électronique militaire sensible. Il a été remis en liberté le 27 août mais reste assigné à résidence dans l’attente d’une décision sur son éventuelle extradition vers les Etats-Unis.


"Il n’y aura pas d’échange et le président iranien le sait bien", a commenté mercredi soit Nicolas Sarkozy. "Est-ce que vous croyez que je suis un homme à aller échanger l’assassin de Chapour Bakhtiar contre une jeune étudiante dont le seul crime est de parler la langue l’Iran et d’aimer la civilisation perse ? Clotilde Reiss est innocente".

L’universitaire française de 24 ans a été arrêtée le 1er juillet dernier et accusée d’espionnage pour avoir participé aux protestations postélectorales en Iran et envoyé des mails et des photos prises au cours des manifestations.

Elle a été libérée de prison le 16 août mais reste sous contrôle judiciaire. Elle est actuellement hébergée à l’ambassade de France à Téhéran où elle est assignée à résidence dans l’attente d’une décision du juge sur son éventuelle libération.