Durant sa plaidoirie finale, vendredi, devant le tribunal de New York, l'avocate d'Harvey Weinstein a attaqué la crédibilité des deux femmes qui accusent de viols le producteur déchu. Donna Rotunno, sa principale avocate, a invité les jurés à prendre "une décision impopulaire" en l'acquittant.
Même si c'est "impopulaire" à l'ère du mouvement #MeToo, les avocats d'Harvey Weinstein ont appelé, jeudi 13 février, les jurés à acquitter l'ex-magnat de Hollywood, poursuivi pour agressions sexuelles. Dans sa plaidoirie finale, de plus de quatre heures, Donna Rotunno, sa principale avocate, a accusé les procureurs d'avoir créé "un univers alternatif" dans lequel le producteur aux plus de 80 Oscars s'attaquait à de jeunes actrices, sans fournir les preuves de sa culpabilité.
"Il était innocent quand il a franchi cette porte. Il était innocent quand les témoins ont commencé à déposer. Et il est innocent, assis devant vous maintenant", a-t-elle lancé aux douze jurés du tribunal de Manhattan. "Les médias ont fait du zèle, l'accusation a fait du zèle (…) Vous êtes appelés à prendre une décision impopulaire" et à "ignorer l'agitation" médiatique autour de ce dossier, a souligné l'avocate, qui a jusqu'ici obtenu l'acquittement de la quasi-totalité des hommes accusés d'agression sexuelle qu'elle a défendus.
Un monde imaginaire où les femmes n'auraient "aucun libre arbitre".
Si M. Weinstein a été accusé de harcèlement ou d'agression sexuelle par plus de 80 femmes depuis octobre 2017, son avocate a cependant rappelé aux jurés qu'il n'était jugé à New York que pour deux agressions présumées : un viol supposé sur une aspirante actrice, Jessica Mann, en 2013 ; et un cunnilingus forcé sur une ex-assistante de production, Mimi Haleyi, en 2006. Or dans ces deux cas, la notion clé de consentement s'avère floue. Les deux femmes ont, en effet, reconnu au cours du procès avoir eu avec M. Weinstein au moins un rapport sexuel consenti après l'agression supposée.
Donna Rotunno a, à maintes reprises jeudi, fait référence aux nombreux courriels et textos semblant montrer que les accusatrices étaient restées en bons termes avec le producteur après leur agression présumée. "La vérité laisse des traces", a affirmé l'avocate, appelant les jurés à examiner "les preuves en temps réel" plutôt que de croire à un monde imaginaire où les femmes n'auraient "aucun libre arbitre".
Dans le monde des procureurs, "les femmes ne sont responsables ni des soirées où elles se rendent, ni des hommes avec lesquels elles flirtent… Ni des emplois qu'elles veulent qu'on les aide à obtenir", a-t-elle souligné, insinuant que les victimes présumées avaient utilisé M. Weinstein pour faire avancer leur carrière. L'avocate a aussi rappelé aux jurés qu'ils ne pouvaient condamner M. Weinstein que s'ils étaient certains de sa culpabilité "au-delà d'un doute raisonnable".
Les délibérations commenceront mardi
Après la défense, c'est la procureure Joan Illuzzi-Orbon qui prononcera sa plaidoirie finale vendredi, avant le début des délibérations mardi. Les jurés doivent arriver à un verdict à l'unanimité. En cas de désaccord, le procès serait annulé. L'accusation pourrait alors décider de tenter un nouveau procès –comme ce fut le cas pour la vedette de télévision Bill Cosby, accusé lui aussi d'agression sexuelle et condamné à l'issue d'un deuxième procès en avril 2018.
Le producteur de 67 ans risque la perpétuité en cas de condamnation. S'il était acquitté à New York ou si le procès était annulé, M. Weinstein aurait à répondre d'autres inculpations pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncées début janvier.
Avec AFP