
Selon les premières projections, 62 % des Suisses ont approuvé dimanche une loi interdisant la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. Les partis conservateurs, majoritaires au Parlement, ont dénoncé une "atteinte à la liberté de conscience".
Les Suisses ont approuvé une loi qui prévoit l'interdiction des discriminations fondées sur l'orientation sexuelle, lors d'un référendum qui s'est achevé dimanche 9 février à midi, heure locale.
Selon les premières projections de l'institut GFS Bern, le "oui" l'a emporté avec 62 % des voix.
Update zu den Stimmanteilen beider Vorlagen (Fehlerbereich +/-2%): #abst20 #CHvote pic.twitter.com/LLScMubaCl
— gfs.bern (@gfsbern) February 9, 2020Mathias Reynard, le parlementaire socialiste à l'origine de cette réforme du code pénal helvétique, a salué sur la chaîne RTS-1 "un jour historique" et "un signal magnifique pour toutes les personnes concernées".
Marc Frueh, du petit parti défenseur des valeurs chrétiennes UDF, qui a lancé ce référendum avec le soutien de l'Union Démocratique du Centre (UDC, droite populiste), premier parti du pays, a estimé que malgré son échec, le recours au vote était justifié.
Ce référendum "a permis au peuple suisse de prendre une décision", a-t-il déclaré sur la même chaîne. Il a toutefois ajouté que sa formation resterait vigilante sur l'application de la réforme.
Une législation plus englobante
La nouvelle loi élargit une législation déjà existante en matière de discrimination et appels à la haine raciale ou religieuse, en l'étendant à l'orientation sexuelle.
Cette réforme du code pénal, adoptée en 2018, s'est heurtée à l'opposition de milieux conservateurs et populistes, qui ont dénoncé une "censure" et une atteinte à "la liberté d'expression, de conscience et de commerce".
Les partisans du texte s'appuient aussi sur le fait que la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle est déjà sanctionnée dans d'autres pays européens, et que le Conseil de l'Europe comme l'ONU ont demandé à la Suisse de renforcer son arsenal contre l'homophobie.
Amendes et peines de prison
La nouvelle loi punit le dénigrement public et la discrimination de toute personne en raison de son orientation sexuelle, ou toute attitude visant à attiser la haine à son égard, par l'écrit, la parole, des images ou des gestes. Elle ne réprime pas en revanche des propos tenus dans le cercle familial ou entre amis.
Les restaurants, hôtels, entreprises de transports, cinémas ou piscines ne pourront pas refuser l'accès de quelqu'un en raison de son orientation sexuelle. Le texte prévoit des amendes ou des peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison.
Avec AFP