La date du référendum constitutionnel, contesté par l'opposition et préalable à la modification de la loi fondamentale qui pourrait permettre au chef de l’État, Alpha Condé, de se représenter à la présidence est désormais connue. Le vote se tiendra le 1er mars, soit le même jour que les législatives.
Le président guinéen Alpha Condé a fixé au 1er mars la tenue d'un référendum constitutionnel, le même jour que les élections législatives, malgré les protestations de l'opposition qui dénonce une manœuvre de sa part pour briguer un troisième mandat fin 2020.
Lu sur les médias d'État - télévision et radios -, le décret signé mardi 4 février par le président Condé affirme qu'un "référendum constitutionnel sera organisé le dimanche 1er mars 2020". "Le corps électoral est convoqué le même jour pour les scrutins législatifs et référendaire", ajoute le texte.
Lundi soir, un autre décret présidentiel avait annoncé que les élections législatives prévues le 16 février étaient reportées au 1er mars. L'opposition, qui voit en ces législatives une manœuvre du président Condé pour renforcer son pouvoir, avait annoncé depuis des semaines qu'elle boycotterait le scrutin et en empêcherait sa tenue.
L'annonce de la date du référendum, attendue depuis des semaines, risque d'accroître les tensions déjà vives dans ce pays, pauvre malgré d’importantes ressources minières et théâtre depuis mi-octobre de protestations contre le projet prêté de longue date au président de chercher à se succéder fin 2020.
L'actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Alpha Condé a été élu en 2010 et réélu en 2015.
L'avant-projet divulgué en décembre maintient cette limite. Mais l'opposition soupçonne que l'adoption d'une nouvelle constitution serve à Alpha Condé de prétexte pour remettre son compteur présidentiel à zéro.
Le chef de l’État garde le silence sur ses intentions. Mais l'éventualité d'un troisième mandat a fait descendre à plusieurs reprises dans la rue des dizaines, voire des centaines de milliers de Guinéens à l'appel d'un collectif de partis d'opposition, de syndicats et de membres de la société civile.
Le mouvement a été plusieurs fois durement réprimé et s'est accompagné de troubles à travers le pays. Au moins 28 civils et un gendarme ont été tués depuis mi-octobre.
Opposant historique qui connut l'exil et la prison, Alphé Condé, 81 ans, a été le premier président démocratiquement élu en 2010. Son avènement a marqué l'instauration d'un gouvernement civil après des décennies de régimes autoritaires et militaires. L'opposition dénonce toutefois une dérive "dictatoriale" de sa part.
Avec AFP