Le patron du patinage français, Didier Gailhaguet, n'a pas l'intention d'abandonner ses fonctions. Poussé à la démission par la ministre des sports au regard du scandale d'agressions sexuelles qui touche la Fédération française des sports de glace, il a assuré, mercredi, ne pas avoir commis de faute qui justifierait son départ.
Le torchon brûle entre Didier Gailhaguet, président de la Fédération française des Sports de Glace (FFSG) et le ministère des Sports. Au lendemain de l’appel à la démission lancé par la ministre Roxana Maracineanu dont il a fait l’objet, à la suite des révélations d’agressions sexuelles dans le patinage artistique, le patron de l’instance a tenu une conférence de presse fleuve, mercredi 5 février.
Une intervention au cours de laquelle il a livré son sentiment sur la situation, martelé sa méconnaissances des faits à l’époque et écarté toute possibilité de démissionner dans l’immédiat. Gailhaguet, 66 ans, s’est déclaré "très affecté" par "l’onde de choc qui s’est abattue sur le monde des sports de glace, mais aussi sur le monde du sport dans son ensemble".
"Ces gamines qui sont aujourd’hui des femmes, ce sont des personnes que j’ai entraînées, dirigées, et que je connais. Je les connais bien, je les aime bien, et je suis atterré", a-t-il ajouté, fustigeant les "salauds" qui ont été auteurs de ces agressions.
Maracineanu, une "ministre moralisatrice"
Le président de la FFSG a ensuite égrené en détails les différents cas qui ont touché le milieu du patinage artistique. "Il n’y a pas eu un seul cas pendant ma présidence qui n’ait pas été traité", a-t-il assuré, égratignant régulièrement au passage la gestion de plusieurs dossiers par les ministères des Sports successifs.
Une tutelle avec laquelle il a reconnu avoir eu de nombreux désaccords. Il est sans surprise revenu sur les déclarations de l’actuelle ministre Roxana Maracineanu, qui a appelé à sa démission la veille, mardi 4 février, au sortir de leur entretien tendu. Il a regretté l’attitude d’une "ministre moralisatrice" qui, "drapée dans ses certitudes, ne [l’a] pas entendu".
"Pour être démissionnaire, il faudrait que j’aie commis une faute. Or, je n’en ai pas commise", a-t-il également répété à plusieurs reprises, expliquant qu'il s’en remettait aux conclusions de l’inspection générale demandée par la ministre avant de prendre quelle que décision que ce soit.
"Pas un ramassis de pervers sexuels"
Sur le cas spécifique de Sarah Abitbol, qui a révélé dans un livre avoir été victime de son entraîneur Gilles Beyer, il a également clamé son innocence. "Je n’ai absolument pas protégé Gilles Beyer, je suis celui qui a diligenté l’enquête auprès de la ministre", a-t-il même assuré.
Gailhaguet a également eu quelques mots à l’endroit des bénévoles de la FFSG, non sans s’être à nouveau défendu des accusations dont il a fait l’objet ces derniers jours. "De qui se moque-t-on ? Stigmatiser un président de fédération, certes imparfait, mais travailleur, c’est dégueulasse. Enfin et surtout, la fédération est salie. […] Je veux rétablir la vérité, car nous avons des personnes fantastiques qui font un boulot remarquable sur le terrain, pour les gamins et uniquement pour les gamins."
"La Fédération […] ce n’est absolument pas un ramassis de pervers sexuels qui ont la culture du viol", a-t-il insisté, tout rappelant qu’il "n’y a pas de fédération parfaite car c’est la société et les hommes qui ne le sont pas."