
Dans la région du nord-ouest de la Syrie, où le régime mène une offensive pour reconquérir l'ultime bastion dominé par les jihadistes et les rebelles, les violences ont fait un demi-million de déplacés depuis le mois de décembre.
Les violences à Idleb ont causé un exode massif des populations. L'un des pires, selon les Nations unies (ONU). En seulement deux mois, quelque 520 000 personnes ont été déplacées dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre, une des plus grandes vagues d'exode dans le pays en guerre, a indiqué l'organisation internationale, mardi 4 février.
Dans la région d'Idleb, le régime mène, avec le soutien de la Russie, une offensive visant à reconquérir cet ultime grand bastion, que jihadistes et rebelles dominent encore.
L'offensive du régime a également provoqué la montée des tensions entre la Syrie et la Turquie, laquelle, au lendemain de combats meurtriers inédits entre soldats des deux pays, soutient des rebelles et dispose de troupes dans cette région qui lui est frontalière.
Depuis décembre, la province d'Idleb et ses environs sont, presque chaque jour, la cible de frappes du régime de Bachar al-Assad, qui avance dans la région grâce, notamment, au soutien de l'aviation russe.
Plus de 20 millions d'habitants exilés depuis 2011
Le conflit en Syrie, qui a fait plus de 380 000 morts depuis 2011, a également jeté sur la route de l'exil plus de la moitié de la population d'avant-guerre, plus de 20 millions d'habitants.
Les civils, fuyant les violences à Idleb, trouvent refuge dans des zones plus au nord, relativement épargnées et près de la frontière avec la Turquie, qui accueille déjà plus de trois millions de réfugiés syriens.
Selon l'ONU, la majorité des déplacés fuient le sud d'Idleb pour se rendre dans "des zones urbaines et des camps de déplacés" du nord-ouest de la province ou dans des territoires du nord de la région voisine d'Alep.
En une semaine, Mohamed Bahjat et sa famille ont été déplacés trois fois, fuyant les combats près de la ville de Saraqeb.
"On ne sait pas où on va", confie ce père de trois enfants. "On est partis sous les bombardements", lâche l'homme de 34 ans, qui voyage avec ses parents et son frère.
#Syrie: @MarkCutts souligne l'urgence d'intensifier la réponse humanitaire ds le nord-ouest où 1/2 millions de civils ont fui leur foyer ces 2 derniers mois.
Le + grand défi: abris. Milliers sont entassés ds écoles, mosquées. D'autres ds des tentes exposés au froid, à la pluie. https://t.co/wOJMwGMSUq
Recep Tayyip Erdogan, président turc dont le pays craint un nouvel afflux de réfugiés en provenance de Syrie, a prévenu qu'il ne permettrait pas au régime syrien de "gagner du terrain" dans la région.
Lors d'un entretien avec son homologue russe, Vladimir Poutine, celui-ci a prévenu qu'Ankara riposterait "de la plus ferme des manières" si ses troupes sont prises pour cible.
Dans la nuit de dimanche à lundi, des tirs d'artillerie du régime syrien ont fait huit morts côté turc. Attaque à laquelle Ankara a répondu en bombardant des positions syriennes, tuant au moins 13 personnes.
À Damas, le commandement des forces armées, qui a qualifié d'"agression flagrante" la présence de forces turques en Syrie, a prévenu que l'armée se tenait prête "pour une riposte immédiate à toute agression" turque contre les troupes syriennes dans la région, selon l'agence officielle syrienne Sana.
Bien qu'elles soutiennent des camps opposés en Syrie, la Turquie et la Russie ont renforcé, depuis 2016, leur coopération sur ce dossier. Cependant, Ankara accuse Moscou de ne pas faire suffisamment pression sur Damas pour qu'il stoppe son offensive à Idleb.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dit, craindre "une escalade" susceptible de mener à "une situation totalement hors de contrôle", et réclamé, mardi, un "arrêt des hostilités" entre Ankara et Damas.
Avec AFP