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Près de 400 blessés à Beyrouth dans des affrontements entre manifestants et police

Selon un bilan des secouristes, près de 400 personnes ont été blessées au Liban dans des heurts, samedi soir, entre manifestants et forces de l'ordre à Beyrouth, près du Parlement. Un niveau de violence inédit depuis le début de la contestation qui témoigne de la dégradation du climat au Liban, confronté à une crise socio-économique et politique. 

Au moins 377 personnes ont été soignées sur place ou transportées vers des hôpitaux, lors des heurts qui ont secoué les abords du Parlement libanais et de la place des Martyrs, épicentre de la contestation à Beyrouth, selon les bilans de la Croix rouge libanaise et la défense civile, compilés par l'AFP. 

Et les contestataires ont lancé sur les réseaux sociaux de nouveaux appels à manifester dimanche, toujours près du Parlement. 

La défense civile a indiqué tard samedi avoir apporté les premiers secours à "114 blessés souffrant de blessures légères et de difficultés respiratoires", tandis que "43 blessés" ont été transportés à l'hôpital.

La Croix-rouge libanaise avait, de son côté, annoncé avoir transporté plus de 80 personnes vers des hôpitaux, tandis que plus de 140 blessés ont été soignés sur place, selon un porte-parole de l'organisation qui a précisé que les blessés comprenaient à la fois des protestataires et des membres des forces de l'ordre.

FINAL UPDATE: 18 ambulances, 80 EMTs and 6 dispatchers from the LRC responded to the protests in downtown Beirut. Over 80 victims have been transported to nearby hospitals and over 140 injured were treated at the scene. LRC teams are still on standby and ready to respond. pic.twitter.com/p1OG7WFqwl

— Lebanese Red Cross (@RedCrossLebanon) January 18, 2020

Les violences ont commencé devant l'une des principales entrées du Parlement, au cœur de Beyrouth, lorsque des contestataires s'en sont pris aux membres de la police anti-émeute, stationnés derrière des barricades et des barbelés.

Les manifestants, certains au visage masqué, ont lancé différents projectiles, notamment des pierres, des poteaux de signalisation et des branches d'arbres. Quelques-uns ont tenté de franchir les barbelés.

La police anti-émeute a dispersé la foule au moyen de canons à eau avant de recourir à des tirs de gaz lacrymogène.

"La colère populaire est désormais la solution"

Les heurts se sont poursuivis en début de soirée. Retranchés dans les rues aux alentours du Parlement, les manifestants lançaient des pierres et des feux d'artifices sur les forces de l'ordre.

Des inconnus ont mis le feu aux tentes dressées par les contestataires depuis le début du mouvement près de la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth.

Une trentaine de personnes ont été interpellées lors de ces échauffourées, mais le parquet a ordonné leur libération, a annoncé dimanche l'agence officielle ANI.

Une manifestation était initialement prévue samedi près du Parlement, vers lequel devaient converger plusieurs marches parties depuis différents points de la capitale. Mais la situation a dégénéré avant l'arrivée des groupes de protestataires.

La colère populaire a été exacerbée par une dégradation rapide ces dernières semaines de la situation socioéconomique et l'incapacité des autorités à former un gouvernement, plus de deux mois après la démission du Premier ministre Rafic Hariri.

"Je suis là parce qu'après 90 jours dans la rue, ils continuent de se disputer les parts (du gâteau) au sein du gouvernement sans se soucier" du peuple, a déploré Maya, une manifestante de 23 ans. "La colère populaire est désormais la solution", a-t-elle martelé.

Ces derniers jours, les protestataires ont ciblé les banques, accusées de complicité avec le pouvoir, attaquant plusieurs agences dans le quartier de Hamra, dans la capitale.

Le Liban croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars (81 milliards d'euros), soit plus de 150 % de son PIB, et la Banque mondiale a averti en novembre que le taux de pauvreté pourrait en arriver à englober 50 % de la population, contre le tiers à l'heure actuelle. Et la monnaie nationale a perdu de sa valeur sur le marché parallèle - 2 500 livres pour un dollar, contre un taux officiel de 1 507 livres/dollar.

Avec AFP