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Centrafrique : une trentaine de morts dans des affrontements à Bangui

Des affrontements meurtriers entre des milices rebelles et des commerçants ont éclaté mercredi, faisant au moins trente morts dans le quartier PK5 de Bangui en Centrafrique. 

De nouveaux affrontements meurtriers entre miliciens et commerçants ont éclaté mercredi 25 décembre dans la soirée et se poursuivaient jeudi dans le quartier majoritairement musulman PK5 de Bangui, l'une des zones les plus dangereuses de la capitale de la Centrafrique.

"Trente-trois corps ont été apportés à la mosquée", a affirmé à l'AFP Awad Al Karim, imam de la mosquée Ali Babolo, une figure du PK5. Ni la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), ni les autorités centrafricaines ne contrôlent le PK5.

Une source sécuritaire évoque au moins trente morts, sans plus de précision. De son côté, le président de la Croix-Rouge centrafricaine, Antoine Mbaobogo, établit un bilan qui "était de 23 morts à 16 h et serait désormais de 33", affirmant qu'il "reste des corps près du marché".

"Les combats se poursuivent, nous avons dépêché sur place une force de réaction rapide. Une partie du marché a été brûlée, ainsi que quelques véhicules" a indiqué Bili Aminou Alao, porte-parole de la Minusca. La rue principale du PK5, artère économique de Bangui, était désertée par les passants jeudi après-midi. De nombreuses boutiques ont été pillées, et les commerçants montaient la garde, arme au poing, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des explosions de grenades et des rafales d'armes automatiques étaient encore audibles, après avoir retenti dans la capitale centrafricaine dès mercredi soir. 

Des combats réguliers entre milices rebelles

"Entre 40 et 50 boutiques ont été brûlées, ainsi que quatre à cinq maisons" a précisé à l'AFP le colonel Patrick Bidilou Niabode, directeur général de la protection civile centrafricaine. Les sapeurs-pompiers volontaires qu'il encadre ont réussi à éteindre deux feux jeudi qui se propageaient dans le marché, mais ont dû abandonner deux maisons aux flammes en raison des échanges de tirs nourris à proximité, selon le colonel Bidilou.

Le PK5 est en proie à des violences sporadiques depuis 2014. C'est dans ce quartier commerçant que s'étaient réfugiés beaucoup de musulmans de Bangui après les affrontements entre rebelles de la Séléka et groupes anti-balaka qui ont ravagé la capitale après la chute du président François Bozizé en 2013.

Depuis, les ruelles du PK5 sont tenues par une myriade de groupes autoproclamés d'autodéfense constitués depuis 2013, qui se financent notamment par des taxes prélevées sur les commerçants et la population.

En avril 2018, la Minusca avait lancé l'opération Sukula (Nettoyage en sängö, la langue nationale) pour arrêter un chef de milice. Cette opération répondait à un appel lancé par l'association des commerçants du PK5 qui avait fixé un ultimatum à la Minusca pour qu'elle démantèle ces groupes armés, accusés de violences, d'exactions et d'extorsions de fonds. L'opération s'était soldée par un échec, avec une trentaine de morts et une centaine de blessés.

La Centrafrique est ravagée par la guerre civile depuis qu'une coalition de groupes rebelles a renversé en 2013 le président Bozizé. Les violences ont forcé près d'un quart des 4,7 millions d'habitants du pays à fuir leur domicile. Un accord de paix a été signé à Bangui début février entre le gouvernement et quatorze groupes armés. Il est le huitième signé depuis le début de la crise mais la situation sécuritaire reste particulièrement fragile dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres au monde. 

Avec AFP