Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn se sont affrontés, vendredi, sur le Brexit lors de leur dernier face-à-face télévisé, avant les élections législatives du 12 décembre.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et son rival travailliste Jeremy Corbyn se sont affrontés, vendredi 6 décembre, lors d'un duel sans surprise, chacun martelant ses arguments sur le Brexit à six jours avant les législatives.
Pendant un peu plus d'une heure, chacun a semblé jouer sa participation sans prendre de risque. Le leader conservateur, dont le parti bénéficie d'une dizaine de points d'avance dans les sondages, a une nouvelle fois joué la carte de l'accord de sortie de l'Union européenne qu'il a négocié avec Bruxelles.
Espérant décrocher la majorité nette qui lui a fait défaut jusqu'alors, Boris Johnson espère faire adopter son accord de Brexit "avant Noël" et mettre en oeuvre son programme "d'investissements massifs". Il promet que le Brexit, déjà reporté trois fois, aura bien lieu au 31 janvier.
Corbyn toujours neutre sur le Brexit
Dans un pays très divisé au sujet du Brexit, Jeremy Corbyn a défendu sa proposition d'organiser dans les six mois un référendum pour que les Britanniques choisissent entre un nouvel accord de sortie de l'Union européenne et le maintien dans l'UE. Mais lors de ce nouveau référendum, Jeremy Corbyn resterait neutre, ce qui lui vaut les railleries incessantes de Boris Johnson.
"Comment pouvez-vous obtenir un accord de Bruxelles pour le Brexit, si vous n'y croyez pas ? C'est un mystère que je n'arrive pas à comprendre", a-t-il lancé.
Menant une campagne très à gauche, le leader travailliste de 70 ans Jeremy Corbyn a attaqué Boris Johnson en affirmant qu'il faudrait "sept ans" pour négocier avec les États-Unis l'accord de libre-échange, que promet le leader conservateur, au prix de suppressions d'emploi "à grande échelle". Il promet nationalisations et investissements dans les services publics, pour tourner la page d'une décennie d'austérité sous les conservateurs.
Boris Johnson en tête dans les sondages
À l'issue de ce débat, qui s'est tenu devant une centaine de personnes représentatives du corps électoral britannique, un sondage Yougov a donné Boris Johnson vainqueur à 52 %, contre 48 % à Jeremy Corbyn. Mais ce dernier est apparu plus digne de confiance auprès des sondés.
Attaqué sur le problème de l'antisémitisme, qu'il est accusé d'avoir laissé prospérer au sein de son parti, Jeremy Corbyn a souligné avoir introduit des procédures disciplinaires. Accusé de "manque de leadership" par son adversaire, il a répliqué en soulignant qu'il n'avait jamais, lui, utilisé un langage "raciste", allusion à des commentaires de Boris Johnson, qui avait notamment comparé les femmes en burqa à des boîtes aux lettres.
Dans la matinée, Jeremy Corbyn avait livré une nouvelle charge contre Boris Johnson, en produisant un document confidentiel du gouvernement qui prouve, selon lui, que le chef du gouvernement cache aux Britanniques les réelles implications économiques de l'accord de divorce négocié avec l'Union européenne.
Des droits de douanes "dommageables"
Ce rapport montre qu'il y aura des contrôles réglementaires, voire des droits de douanes "dommageables", entre la province britannique d'Irlande du Nord et la Grande-Bretagne après le Brexit, contrairement à ce qu'affirme Boris Johnson sur l'absence de frontière entre les deux territoires séparés par la mer d'Irlande, a détaillé le chef de l'opposition lors d'un discours de campagne à Londres. "Complètement absurde", a rétorqué Boris Johnson lors d'un meeting.
Avant que ne se tienne ce débat, le Premier ministre a été accusé de se dérober et d'esquiver les questions qui dérangent en refusant de s'entretenir avec l'intervieweur star Andrew Neil sur la BBC.
Ce dernier a défié le Premier ministre, jeudi soir, en expliquant directement aux téléspectateurs : "Le fil rouge de nos questions est la confiance. Et pourquoi à de si nombreuses reprises dans (la) carrière (de Boris Johnson), dans la politique et le journalisme, des personnes critiques et parfois même celle proches de lui l'ont jugé peu fiable", a-t-il lancé.
Avec AFP