L'ancien président béninois et opposant en exil, Thomas Boni Yayi, était de passage mercredi après-midi à Cotonou. Malgré plusieurs annonces, il n'a finalement pas rencontré le président Patrice Talon.
La visite aura été de courte durée. L'ancien chef de l'État béninois et opposant, Thomas Boni Yayi, est arrivé mercredi 20 novembre après-midi à Cotonou, après plusieurs mois d'exil. Il avait fui le pays après les législatives d'avril – officiellement pour raison de santé – qui avaient plongé ce pays d'Afrique de l'Ouest dans une grave crise politique.
À sa descente dans l'après-midi d'un avion affrété par l'armée de l'air nigériane, Boni Yayi, vêtu d'un grand boubou blanc, a été chaleureusement accueilli par une centaine de partisans, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Il a rendu visite à un autre leader de l'opposition et ex-président, Nicéphore Soglo, et devait ensuite se rendre à la présidence.
"Le président a exprimé son souhait de voir revenir notre ancien président que rien n'a contraint à l'exil et c'est tout à fait naturellement qu'il le recevra à sa demande", avait plus tôt annoncé à la presse le porte-parole du gouvernement, Alain Orounla, à l'issue du conseil des ministres.
Le porte-parole avait évoqué une "rencontre festive entre deux grands hommes d'État" qui doit avoir lieu "dans les prochaines heures".
Une rencontre avortée
Cependant, la rencontre n'a finalement pas eu lieu : Boni Yayi a choisi de ne pas participer à cette rencontre avec le président Patrice Talon.
Sous couvert d'anonymat, l'entourage de Thomas Boni Yayi a fait savoir que le président Talon ayant refusé de recevoir une délégation de l’opposition, l'ancien chef d'État a refusé de le voir.
Selon l'un de ses proches interrogé par RFI, c'est pour éviter qu'on ne résume la crise béninoise à un conflit entre lui et Patrice Talon. "La crise est bien plus profonde", explique ce proche. "Il s'agit de l'avenir de la démocratie béninoise", souligne-t-il.
L'ancien chef d'État devrait être accompagné d'une importante délégation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), impliquée depuis des mois dans la résolution de la crise béninoise.
Un exil après les violences post-électorales
Boni Yayi s'était exilé après que son domicile de Cotonou eut été encerclé pendant près de deux mois par les forces de l'ordre, à la suite au scrutin contesté du 28 avril dont l'opposition avait été exclue.
La crise qui avait suivi avait débouché sur des manifestations et des violences avec une dizaine de morts par balles.
Le président Talon a multiplié depuis les gestes d'apaisement comme l'amnistie des auteurs de violences lors des manifestations, ou l'organisation d'un dialogue politique auxquels n'étaient pourtant pas conviés les principaux partis d'opposition.
Il a également fait voter une nouvelle Constitution limitant le nombre de mandats à deux "dans la vie" d'un président alors qu'elle limitait auparavant la possibilité d'être candidat plus de deux fois consécutives. L'entourage de Boni Yayi avait alors dénoncé une mesure destinée à empêcher l'ex-président en exil de se représenter à l'avenir.
Les principales revendications de l'opposition n'ont pas été satisfaites à ce jour, à savoir notamment l'assouplissement des nouvelles conditions à remplir par les partis politiques pour obtenir une reconnaissance légale. C'est ce qui avait empêché les principaux détracteurs de Patrice Talon de participer aux élections il y a six mois.
Avec AFP