![Emmanuel Macron enterre le mégaprojet EuropaCity Emmanuel Macron enterre le mégaprojet EuropaCity](/data/posts/2022/07/24/1658698849_Emmanuel-Macron-enterre-le-megaprojet-EuropaCity.jpg)
L'Élysée a annoncé jeudi l'abandon d'EuropaCity, un projet de parc d'activités géant au nord de Paris contre lequel s'élevaient des élus locaux et des associations de défense de l'environnement.
C'est un revirement qui risque de faire couler beaucoup d'encre. Le jugeant "daté et dépassé", Emmanuel Macron a décidé, jeudi 7 novembre, d'enterrer EuropaCity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs qui devait être implanté d'ici à 2027 dans le Val-d'Oise, au nord de Paris, et qui hérissait les défenseurs de l'environnement comme les petits commerçants.
"Le président de la République a décidé de ne pas poursuivre le projet EuropaCity", a indiqué l'Élysée à l'AFP, confirmant une information d’abord révélée par Le Monde, estimant qu'il "ne correspond plus aux aspirations de nos concitoyens".
L'annonce intervient au moment où se tient jeudi après-midi un troisième Conseil de défense écologique. Lors du premier conseil de ce type en mai, l'exécutif avait annoncé l'abandon du projet minier Montagne d'or en Guyane.
"C'est une grande satisfaction", a réagi auprès de l'AFP Bernard Loup, le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), opposant historique au projet. "Depuis l'été, nous avons senti que ce soutien a tiédi à mesure qu'est monté le débat sur l'artificialisation des terres", s'inquiétait de son côté fin octobre dans Les Echos Vianney Mulliez, le président de la filiale immobilière d'Auchan, Ceetrus, qui porte EuropaCity à parts égales avec le groupe chinois Wanda.
La lutte paye : le projet de méga centre commercial #EuropaCity est définitivement abandonné par le président Macron ! ✅
Bravo au collectif @nonaeuropacity1 ????????
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Le mégacomplexe pesant 3,1 milliards d'euros devait s'établir sur ce que le CPTG qualifiait de "terres les plus fertiles d'Île-de-France", le triangle de Gonesse, coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget. Fait rare, les syndicats agricoles s'étaient également unanimement déclarés opposés au projet.
Emmanuel Macron entend faire émerger un "projet alternatif"
Dans un contexte plus global de mobilisations autour des questions d'environnement, les promoteurs avaient verdi leur copie début octobre, promettant "zéro carbone dès 2027", 4 000 arbres plantés et 80 hectares d'espaces naturels recréés en compensation. Ils prévoyaient également de réduire les surfaces commerciales, alors que les commerçants des environs s'inquiétaient de devoir affronter la concurrence de centaines de boutiques.
Ces modifications n'auront donc pas convaincu. Emmanuel Macron souhaite faire émerger un "projet alternatif" qui pourrait être implanté sur une zone géographique plus étendue et qui devra être "plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d'objets".
Il a confié "la mission à Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l'Atelier parisien d'urbanisme, de travailler avec les élus à l'élaboration d'un nouveau projet", précise encore l'Élysée.
Les élus locaux étaient très largement favorables à ce projet "essentiel" pour le département, qui "a toujours été le parent pauvre" de l'Île-de-France, disaient-ils début octobre. "Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d'une vision uniquement symbolique de l'écologie", a tempêté jeudi par communiqué le maire socialiste de Gonesse, Jean-Pierre Blazy.
Retrouvez-ci mon communiqué de presse sur l'annulation d'#Europacity par le président de la République.
J'organise une conférence de presse demain à 11h, salle du Conseil municipal avec la présidente du Val d'Oise et le président de Roissy Pays de Francehttps://t.co/GyzbyBhSkM
"La déception est immense, on sent un mépris du gouvernement par rapport à la banlieue", a également réagi auprès de l'AFP Kamel Slimani, membre du "Collectif des vrais gens", qui défendait ardemment le projet. "On n'a rien, pas de transports, pas de métro, on est abandonnés."
"Nous ne les laisserons pas tomber", a répondu lors d'une conférence de presse la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne, consciente de "l'attente forte" pour l'emploi des élus et de certains habitants. "Nous serons au rendez-vous pour imaginer avec eux un avenir durable incluant une implication renforcée de l'Etat", a-t-elle déclaré.
EN DIRECT |Point presse de @Elisabeth_Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, suite au 3ème Conseil de défense écologique. https://t.co/NtIgT82HC4
Élysée (@Elysee) November 7, 2019Quel avenir pour la gare de métro du Grand Paris ?
"Face aux conséquences sociales de l'abandon de ce projet", la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, "en appelle solennellement au gouvernement pour définir, en partenariat avec la région et le département, un plan d'urgence pour le Val-d'Oise", a-t-elle réagi dans un communiqué, réclamant "la sanctuarisation de la ligne 17 du Grand Paris".
Car l'abandon d'EuropaCity pose la question de l'avenir de la gare de métro du Grand Paris qui devait desservir la zone "Triangle de Gonesse", et plus largement de cette ligne 17 du métro qui doit relier d'ici 2027 Saint-Denis Pleyel à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) estime qu'elle perdrait de son intérêt sans mégacomplexe.
"Il n'y a pas de changement au niveau des projets de transports", assure-t-on à l'Élysée en évoquant notamment la ligne 17.
Je prends acte de l’abandon d’’#Europacity pour raisons environnementales, mais j’appelle solennellement le gouvernement à définir, avec la région, un plan d’urgence pour le Val d’Oise, qui soit porteur d’emplois et d’espoir pour les habitants de ses territoires les + populaires
Valérie Pécresse (@vpecresse) November 7, 2019"On continuera à se mobiliser pour l'abandon de la gare et de l'idée d'urbaniser le Triangle de Gonesse", indique de son côté Bernard Loup, de la CPTG. Les opposants à EuropaCity défendent un projet visant à faire de ces terres la "ceinture alimentaire" qui irriguera le futur Grand Paris en circuits courts.
"On parle de terres archipolluées, entre des autoroutes et des aéroports", rétorque Ali Soumaré, conseiller régional socialiste de Villiers-le-Bel, amer face à "une belle hypocrisie".
En revanche, pour Kamel Lakal, porte-parole du collectif Europasdutout, qui représente 220 commerces et 70 adhérents des différents centres-villes, le projet alternatif, "tant que ce n'est pas un centre commercial, ce sera très bien", glisse-t-il à l'AFP.
Avec AFP