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Perturbations à la SNCF : le trafic s'améliore mais le conflit perdure

La SNCF promet une nette amélioration du trafic ferroviaire, lundi, avec des perturbations limitées aux TER et Intercités. Le conflit entre syndicats et direction sur les "problèmes de sécurité" n'en est pas pour autant résolu.

Après un week-end de fortes perturbations, le trafic ferroviaire doit reprendre "normalement", lundi 21 octobre, pour les trains Ouigo, les TGV et sur l'ensemble des lignes du réseau Transilien, selon les prévisions de la SNCF.

Seuls les TER, avec trois trains sur quatre, et les Intercités – deux trains sur trois – continueront à être impactés, au quatrième jour de ce bras de fer entre syndicats et direction autour du "droit de retrait".

Les perturbations du week-end ont généré des coûts supplémentaires pour les usagers qui ont changé leurs billets.

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a rappelé dimanche soir que les billets seraient remboursés "à 100 %" et a annoncé la mise en place rapide d'un fonds d'indemnisation d'un million d'euros pour les voyageurs qui ont subi "des dommages exceptionnels", notamment ceux qui ont dû acheter d'autres billets ou se loger à l'hôtel.

La circulation des trains avec un seul agent SNCF à bord contestée

Le mouvement de retrait a pour origine un accident survenu mercredi, lorsqu'un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau, faisant 11 blessés dont plusieurs hospitalisés. Le conducteur, qui a porté secours aux passagers alors qu'il était lui-même blessé, était le seul agent SNCF à bord.

Les syndicats contestent ce mode de fonctionnement, qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité. Ils pointent aussi des problèmes de sécurité particuliers à l'engin accidenté, un autorail grande capacité (AGC).

La direction a mis sur la table trois propositions qui ne les satisfont pas : modification de "certains équipements" de l'AGC ; des groupes de travail sur les procédures de sécurité "dans les jours qui viennent" et l'"accélération" des recrutements, a résumé samedi Guillaume Pepy.

Il a également dénoncé une "grève surprise qui ne respecte pas la loi", le préavis étant obligatoire à la SNCF.

Pour les syndicats au contraire, il s'agit bien d'un droit de retrait, une procédure exercée par un salarié lorsqu'il considère qu'il existe un danger grave et imminent pour sa vie et sa santé, ou s'il constate une défectuosité dans les systèmes de protection.

"Rien de concret pour la sécurité"

Le Premier ministre, Édouard Philippe, a dénoncé un "détournement du droit de retrait qui s'est transformé en grève sauvage" et a "demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites qui pouvaient être données, et notamment judiciaires".

Dans une interview au Parisien lundi, Guillaume Pepy précise que "dès lors qu'un conducteur gréviste a été qualifié en 'absence irrégulière', il y aura naturellement une retenue sur son salaire, de l'ordre de 70 à 100 euros par jour".

Alors que la direction prévoit une réunion "avec les partenaires sociaux dès jeudi", selon Guillaume Pepy, l'Unsa (2e syndicat SNCF) va organiser des réunions en interne à partir de lundi "pour décider de la stratégie à adopter", a souligné Didier Mathis, son numéro un. Mais le syndicat écarte d'emblée l'idée de déposer un préavis de grève.

SUD-Rail (3e) "va continuer de soutenir les cheminots qui vont exercer le droit de retrait car la direction ne propose rien de concret pour la sécurité", selon Julien Troccaz.

La CGT (1er syndicat) lie les revendications et appelle à participer "massivement" à la journée d'action du 5 décembre contre la réforme des retraites. Elle accuse le Premier ministre de vouloir "le pourrissement".

Avec AFP