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Le "lanceur de chaussures" dit avoir été torturé en prison

Mountazer al-Zaïdi, le journaliste qui avait lancé ses chaussures contre l'ex-président américain George W. Bush en décembre 2008, a été libéré. Il dit avoir été torturé "avec des chocs électriques" et "frappé à coup de barres de fer".

Plus connu sous le nom du “lanceur de chaussures”, le journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi a été libéré de prison, ce mardi.

"Je suis de nouveau libre, mais ma patrie est encore prise en otage", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse peu après sa libération, évoquant la présence américaine en Irak, six ans et demi après l’offensive qui a conduit à la chute du régime de Saddam Hussein.

Mountazer al-Zaïdi prononçait difficilement son discours parce qu'il lui manquait des dents. Celui-ci affirme avoir été torturé pendant sa détention.

"J’ai subi des chocs électriques, j'ai été battu avec des câbles", a-t-il notamment déclaré.

Selon son frère Oudaï al-Zaïdi, joint par FRANCE 24, "l'état de santé de Mountazer est très mauvais, il a subi des tortures sévères. Il est épuisé et doit se faire soigner".

Oudaï a ajouté que son frère "va poursuivre en justice ceux qui l’ont torturé et [qu'il] a demandé à Al-Maliki de s’excuser pour les mensonges qu’il a prononcés devant les médias".

Mountazer al-Zaïdi a acquis une renommée internationale en lançant ses chaussures à la tête de l’ancien président des États-Unis, George W. Bush, lors d’une conférence de presse, en décembre 2008.

Celui qui est considéré comme un héros dans la plupart des pays arabes avait alors crié au dirigeant américain sur le point de céder sa place à Barack Obama : “C’est le baiser d’adieu, espèce de chien !"

Bien que le président Bush ait tourné l’incident en dérision, le geste d'Al-Zaïdi a causé beaucoup d’embarras à l’administration de Nouri al-Maliki, ainsi qu’à la Maison Blanche.

Certains Irakiens n’ont pas apprécié non plus le geste du journaliste, jugeant qu’il était allé trop loin.

Mountazer al-Zaïdi risquait 15 ans de prison pour agression contre un chef d’État mais n'a finalement écopé que de trois ans de réclusion. Sa peine a été réduite en appel et, grâce à sa  bonne conduite, le journaliste a été remis en liberté au bout de neuf mois.

Des offres lucratives et excentriques

 Libre, Mountazer al-Zaïdi s'apprête à vivre d'une façon radicalement différente de celle qui était la sienne lorsqu’il n’était qu’un journaliste anonyme.

Son frère Oudaï annonce déjà que, dès son retour de Grèce où il doit aller se faire soigner, il visitera des pays arabes, et en premier lieu la Syrie.

Son employeur, la chaîne de télévision Al-Baghdadia, qui a continué de lui verser son salaire pendant toute la durée de sa détention, a, elle, promis de lui offrir un nouveau domicile pour le remercier de la publicité qu’il lui a faite.

De nombreuses offres d'emploi en provenance d'autres chaînes, mais aussi de partis politiques qui souhaitent profiter de son nouveau statut de porte-drapeau de l'anti-américanisme, sont par ailleurs parvenues à Mountazer al-Zaïdi.

De leurs côtés, l’émir du Qatar et un homme d'affaires saoudien ont respectivement proposé de lui offrir un cheval d’or et 10 millions de dollars contre l'une des chaussures ayant été jetées à la figure de l'ex-président américain. Malheureusement, à la suite de l’incident, ces dernières ont été examinées par des soldats américains pour voir si elles contenaient des explosifs, puis brûlées.

Un Irakien résidant au Maroc a, lui, été jusqu'à donner sa fille en mariage à Al-Zaïdi. Quant à la fille du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, elle lui a offert une médaille.