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En Équateur, des heurts pendant la manifestation contre le prix de l'essence

Protestataires et forces de l'ordre se sont affrontés mercredi dans les rues de Quito lors d'une grande manifestation contre la hausse du prix de l'essence décidée par le gouvernement.

Le centre-ville colonial de Quito, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, était envahi de fumées lacrymogènes mêlées à celles de pneus incendiés, mercredi 9 octobre. La manifestation géante contre la hausse du prix de l'essence en Équateur, décrétée par le président Lenin Moreno, s'est soldée par des violences.

Alors que le cortège principal, réunissant plusieurs milliers de protestataires, dont de nombreux indigènes, défilait dans le centre historique, des manifestants masqués ont affronté la police à coups de pierres et de cocktails molotov. Celle-ci a riposté en faisant usage de gaz lacrymogène.

Les manifestants exigent que le président Lenin Moreno rétablisse les subventions au carburant, supprimées après un accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt de 4,2 milliards de dollars.

Les opérations d'un oléoduc suspendues

L'occupation de plusieurs champs pétroliers par des manifestants a conduit les autorités à suspendre les opérations de son principal oléoduc, le Trans-Equatorian Oil Pipeline System (SOTE), paralysant le transport de 68 % de sa production.

Depuis plusieurs jours, les indigènes, acteurs-clés de ce conflit, affluent vers la capitale depuis les différentes province du pays, à pied ou à bord de pick-up, avec l'intention de faire plier le gouvernement.

Les incidents ont mis sous pression le gouvernement du président Lenin Moreno, un libéral de 66 ans arrivé au pouvoir sous la bannière socialiste. Il a ordonné un couvre-feu nocturne autour des lieux de pouvoir pendant 60 jours ainsi que l'état d'urgence pendant la même durée. Le siège du gouvernement a été déplacé vers la capitale économique du pays, Guayaquil (sud-ouest).

Des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le port de la ville pour apporter leur soutien au chef de l'Etat. "Les mesures sont dures, mais cela aurait dû être fait par le (précédent) gouvernement de Rafael Correa, qui ne l'a pas fait. Maintenant il faut laisser le président continuer", a déclaré à l'AFP Geovanni Molina, un retraité de 68 ans.

Rafael Correa envisage une candidature de vice-président

Dans une tentative de désamorcer la situation, le chef de l'État a ouvert mardi la porte à une médiation des Nations unies et de l'Église catholique. En face, la Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur (Conaie), principal organe représentatif des peuples autochtones du pays, a "décidé de poursuivre la mobilisation nationale contre les mesures économiques", selon son communiqué qui ne mentionne pas de contacts avec le gouvernement.

Lenin Moreno a accusé son prédécesseur Rafael Correa (2007-2017), ex-allié devenu son adversaire politique, d'avoir "activé" un "plan de déstabilisation" avec l'aide du président vénézuélien Nicolas Maduro.

"S'il est nécessaire que je sois candidat, je le serai", a déclaré Rafael Correa à la presse à Bruxelles, où il vit depuis qu'il a quitté le pouvoir en 2017 à l'issue de son troisième mandat. L'ex-dirigeant socialiste, ne pouvant se présenter à un quatrième mandat présidentiel depuis une récente réforme, a dit envisager une candidature de vice-président. L'ancien président équatorien, réclamé par la justice de son pays, a estimé que le gouvernement de Lenin Moreno tenterait "d'empêcher (s)a participation" : "Que vont-ils inventer ? Que je dois aller en prison."

Avec AFP