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Témoignage d'un journaliste yéménite torturé : "Suis-je le prochain Khashoggi ?"

Dans la presse, ce mercredi 2 octobre, la répression des manifestants mobilisés contre la corruption et le chômage en Irak, l'évocation de l'assassinat, il y a un an, du journaliste Jamal Khashoggi par la presse saoudienne, qui en fait une présentation très éloignée de celle de la presse étrangère, et le témoignage d'un journaliste yéménite, qui dit avoir failli subir le même sort que son confrère saoudien.

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Dans la presse, la répression, en Irak, des manifestants mobilisés mardi contre la corruption et le chômage, qui a fait au moins deux morts.

Près de 200 personnes ont également été blessées, après que les policiers ont tiré à balles réelles pour disperser les manifestants, d'après Arab News, qui précise que les principales mobilisations se sont déroulées dans la capitale, Bagdad, et dans les provinces chiites du sud du pays. "Notre jeunesse est perdue. Il n'y a pas de travail, pas de services publics, pas d'avenir clair. Alors pourquoi devrions-nous garder le silence ?", témoigne un jeune homme, interrogé par le journal saoudien.

Arab News revient à sa manière sur le premier anniversaire de l'assassinat de son compatriote Jamal Khashoggi. Le quotidien reprend largement la ligne de défense exposée par le prince héritier Mohammed ben Salmane lors de la récente interview qu'il a accordée à la chaîne de télé américaine CBS, dans laquelle il qualifiait l'assassinat du journaliste de "crime haineux", et déclarait en être "responsable", mais pas coupable. Selon MBS, la mort de Jamal Khashoggi serait le fait d'éléments incontrôlés, traduits depuis en devant la justice du royaume, qui a requis la peine de mort à leur encontre. Voilà pour la ligne officielle, enrichie par Arab News d'une théorie complotiste, selon laquelle la mort de Jamal Khashoggi aurait avant tout été exploitée à des fins politiques à la fois par la Turquie, où le journaliste a été tué, et par les opposants à Donald Trump aux Etats-Unis, où Jamal Khashoggi avait obtenu l'asile. À l'intention de ceux qui ne seraient pas tout à fait convaincus, le journal ajoute cette déclaration de l'un des fils du journaliste assassiné, Salah Khashoggi, qui vit en Arabie saoudite : "Mon père n'a jamais toléré la moindre atteinte (à son pays), et je ne tolèrerai pas qu'on tente d'exploiter sa mémoire".

Ceux qui ne sont pas convaincus par la ligne de défense de MBS sont nombreux. Parmi eux, le journal panarabe de Londres Al Araby Al Jadeed, qui salue la mémoire de Jamal Khashoggi, "tué puis décapité par des employés de Mohammed ben Salmane". Le journal panarabe de Londres désigne le prince héritier comme l'auteur réel de son assassinat : "Le tueur (de Jamal Khashoggi) est toujours en liberté parce que les transactions en milliards de dollars pèsent plus lourd que la justice", accuse le journal. Des accusations sont partagées par Tom Toles, pour The Washington Post, dont Jamal Khashogi fut un contributeur régulier. "On vend des armes défensives aux Saoudiens pour des milliards de dollars, et ils nous paient en espèces", fait dire à Donald Trump le dessinateur, qui montre MBS envoyant au président des caisses de scies électriques – l'arme présumément utilisée par les assassins de Jamal Khashoggi.

Un an après sa mort, un journaliste yéménite accuse à son tour le royaume saoudien de persécuter quiconque le critique. Dans un entretien accordé au journal suisse Le Temps, Yahya al-Sewari affirme avoir échappé de peu au sort de Jamal Khashoggi. Ce journaliste raconte avoir été détenu au Yémen par des militaires saoudiens, torturé par une milice à la solde de Riyad, avant de parvenir à s'échapper après 56 jours de calvaire. Selon Yahya al-Sewari, le royaume s'en serait pris à lui à cause de son enquête sur la présence des forces saoudiennes dans la province d'Al-Mahra, une zone faiblement peuplée dans l'est du Yémen. Le journaliste aurait cherché à dévoiler les objectifs inavoués de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen, qui a officiellement pour seul but de mettre fin au mouvement rebelle des Houthis, soutenus par l'Iran. Yahya al-Sewari aurait, dit-il, découvert des intérêts géostratégiques d'une tout autre nature, les Saoudiens profitant, selon lui, du chaos de la guerre pour construire un pipeline et exporter leurs hydrocarbures en contournant le détroit d'Ormuz – un couloir maritime dont la sécurité est menacée par les tensions avec l'Iran. Une enquête particulièrement sensible que le journaliste, arrêté en juillet dernier, puis remis à des militaires saoudiens, n'a pas eu le temps de terminer.

Sans transition aucune, histoire de s'oxygéner un peu, avant de nous dire à demain, je vous propose de jeter un cil au Guardian et à la Fashion Week de Paris, qui s'est terminée mardi. Mention spéciale, pour cette collection printemps/été 2020, à cette paire de souliers imaginés par Thom Browne, l'un des chouchous de la papesse de la mode Anna Wintour. L'originalité de ces chaussures, outre le fait qu'elles ont la forme à la fois d'un dauphin, d'un ballon et foot et d'un piédestal, c'est qu'on ne peut pas marcher avec, ce qui n'est absolument pas pratique. Mais totalement chic…

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