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Mondial de rugby : la foi inébranlable de Sonny Bill Williams

Le trois-quart All Black Sonny Bill Williams, qui affrontera mercredi le Canada, brille sur le terrain par ses qualités physiques et techniques. Il a également marqué les esprits en dehors avec sa décision, voilà dix ans, de se convertir à l'islam.

Le profil de son compte Instagram, suivi par plus de 800   000 personnes, tranche avec ceux des grandes stars actuelles du rugby mondial. Sonny Bill Williams n'y mentionne pas les All Blacks, avec lesquels il a déjà joué 54   matches, ou la franchise néo-zélandaise des Blues, au sein de laquelle il évolue. Il a plutôt choisi de mettre un emoji représentant des paumes tournées vers le ciel, en référence à la religion musulmane. Et sur son compte Twitter, c'est un verset du Coran qui accueille les visiteurs.

À 34 ans, Sonny Bill Williams (SBW) est l'une des icônes de la Coupe du monde qui se déroule actuellement au Japon. Ce joueur puissant a déjà disputé, et gagné, les deux éditions précédentes de cette compétition. Et le vétéran des All Blacks peut rêver de réaliser un triplé en terres nippones, son équipe faisant partie des favoris pour la victoire finale. Au cours de sa carrière, il a alterné entre le rugby à XIII et le celui à XV, passant notamment par le club français du RC Toulon (2008-2010). Il a également disputé plusieurs combats de boxe professionnels en poids lourds. Du haut de son 1,91 m, il a notamment pu utiliser son allonge pour défier ses adversaires. Il a également su utiliser son physique imposant et son habilité technique pour briller sur les terrains de rugby, en réalisant des gestes très spectaculaires.

Sa carrière sportive exceptionnelle s'est accompagnée d'un choix religieux inédit chez les rugbymen néo-zéalandais. Après s'être converti en 2009, il est devenu le premier joueur musulman chez les All Blacks. Le quotidien New Zealand Herald avait révélé sa conversion deux années plus tard, en expliquant que l'encadrement de l'équipe prévoyait désormais des repas halal et que SBW fréquentait une mosquée à Christchurch. Le manager des All Blacks affirmait à l'époque que chaque joueur était libre d'avoir ses propres convictions religieuses, à condition qu'elles restent dans la sphère privée et n'interfèrent pas avec le fonctionnement de l'équipe néo-zélandaise.

Le cas s'est d'ailleurs présenté avec l'équipe des Blues, quand SBW a choisi, en 2017, de masquer un sponsor sur le col de son maillot, celui de la Banque de Nouvelle-Zélande. Il avait ensuite précisé dans un communiqué qu'il n'acceptait pas de porter, par conviction religieuse, des publicités pour des "banques, des compagnies d'alcool et sociétés de jeux de hasard". Une position acceptée par ce sponsor et par son club, mais pas par le Premier ministre conservateur de l'époque, Bill English, qui ne comprenait pas comment il était possible de jouer dans une équipe sans en porter le même maillot. Différentes personnalités avaient alors rappelé les frasques de ce joueur au cours de ces jeunes années et les juteux contrats passés alors avec différentes entreprises.

Un père de famille assagi

Ces critiques ou polémiques n'ont jamais semblé affecter SBW, qui a maintes fois réaffirmé ses croyances et ses convictions. Il vit sa foi librement et n'hésite pas à s'afficher en pèlerinage à la Mecque ou en train de prier après un match avec son coéquipier Ofa Tu'ungafasi, arrivé en juin 2016 chez les All Blacks. Et le choix religieux de ces joueurs musulmans a logiquement trouvé une autre résonance après le massacre perpétué en mars 2019 à Christchurch, où un suprémaciste blanc néo-zélandais a tué 51 personnes dans deux mosquées.

SBW

For me everything starts with being grateful. Family, sport, life. Alhumdulliah ????????❤️ pic.twitter.com/iFZX6TDu8b

  Sonny Bill Williams (@SonnyBWilliams) September 22, 2019

Quelques minutes avoir pris connaissance de cette tuerie, SBW a publié une vidéo poignante. Très ému, il avait alors adressé ses condoléances aux familles des victimes et confié son immense tristesse, puis s'était exprimé dans les médias locaux au cours des jours suivants. Il espérait alors que cette tragédie puisse permettre de mener le combat contre le racisme et les discours de haine, en appelant la population à tenter de comprendre ce que représente vraiment l'islam.

Et avant de s'envoler pour le Japon, SBW a rendu visite à plusieurs blessés de Christchurch, en compagnie d'autres joueurs néo-zélandais. "Nous sommes fiers de représenter les All Blacks ici", avait alors déclaré SBW aux côtés des victimes, en espérant que leur présence puisse les aider à les soutenir dans cette épreuve.

Avec l'expérience et les années, SBW a endossé le costume d'un joueur posé et respectueux, devenant l'un des meilleurs représentants du rugby néo-zélandais. En 2015, à l'issue de la finale de la Coupe du monde gagnée par les All Blacks, il avait été au cœur d'une incroyable scène sur la pelouse de Twickenham. Interpellé par un jeune fan qui avait franchi le cordon de sécurité, il avait alors protégé le garnement et l'avait ramené vers les gradins... avant de décider de lui offrir sa médaille d'or de champion du monde.

Désormais père de trois enfants, Sonny Bill Williams a aussi repris ses études, décrochant en mai dernier un diplôme en management du sport. Et il s'est lui-même chargé de résumer son parcours dans un message publié sur Twitter   : "Oui, un îlien du Pacifique, boxeur, joueur de rugby à XIII, à 7 et à XV, peut être diplômé   ! Ne laissez jamais personne vous cataloguer. Hamdoulilah ".

Yes a Pacific Islander, boxer, league, sevens & rugby player can GRADUATE! Don’t ever let anyone pigeon hole you. Alhamdulillah ❤ pic.twitter.com/jjRMsw7uNw

  Sonny Bill Williams (@SonnyBWilliams) May 15, 2019