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Dissous par le président Vizcarra, le Parlement du Pérou riposte et le suspend pour un an

Le président péruvien Martin Vizcarra a annoncé lundi la dissolution du Parlement et la tenue de législatives anticipées le 26 janvier. Le Parlement a aussitôt suspendu le chef de l'État pour un an et compte voter vendredi sa destitution définitive.

Le Pérou s'enfonce dans la crise politique. Le Parlement, dominé par l'opposition fujimoriste, a voté lundi 30 septembre la suspension pour un an du président Martin Vizcarra pour "incapacité morale". Ce dernier avait prononcé un peu plus tôt la dissolution de la Chambre.

Dans la foulée, le Parlement a nommé la vice-présidente Mercedes Araoz chef de l'État par intérim. Cette économiste de 58 ans a immédiatement prêté serment devant le président du Parlement Pedro Olaechea.

Plus tôt lundi, Martin Vizcarra avait annoncé dans un discours télévisé la dissolution du Parlement, une première depuis 1992, et la convocation d'élections législatives anticipées le 26 janvier, faute d'avoir résolu une violente querelle avec l'opposition fujimorise au sujet du mode de nomination de juges au Tribunal constitutionnel.

Le Parlement se réunira à nouveau vendredi pour voter une motion destituant M. Vizcarra de façon définitive, a indiqué le président de la Chambre, Pedro Olaechea.

Scandale Odebrecht

"Nous sommes face à un coup d'État", a fulminé le député Jorge Del Castillo, allié de l'opposition, pour justifier la fronde du Parlement. "J'espère que les forces armées et la police ne se joindront pas à cette mascarade", a-t-il ajouté.

Mais les principaux chefs de l'armée et de la police se sont rendus au palais présidentiel à Lima pour réaffirmer "leur plein soutien à l'ordre constitutionnel et au président Martin Vizcarra comme chef suprême", a annoncé la présidence sur Twitter en publiant une photo de la réunion.

Le Tribunal constitutionnel, la plus haute instance judiciaire du Pérou, est actuellement saisi de la demande de remise en liberté de la leader de l'opposition Keiko Fujimori. Cette dernière, fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000), est incarcérée depuis 11 mois dans le cadre du vaste scandale de corruption Odebrecht qui éclabousse la classe politique latino-américaine.

Les fujimoristes détiennent actuellement la majorité au Parlement mais, en dégringolade dans les sondages, ils redoutent la perspective d'élections anticipées. Martin Vizcarra, au contraire, jouit d'une forte popularité en raison de son intransigeance face à l'opposition. Cet ingénieur de 56 ans a succédé en 2018 à Pedro Pablo Kuczynski, dont il était le vice-président, acculé à la démission en raison de soupçons de corruption.

Avec AFP